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journaliste, homme de presse écrite, de radio et de télévision.

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Le rabot budgétaire ... un comble d'absurdie!

 

D’abord une remarque d’évidence, ce n’est pas lorsque la croissance bat de l’aile qu’il faut en rajouter dans les coupes budgétaires. Alors qu’à l’inverse il s’agirait d’être plus rigoureux lorsque la dite croissance repart dans le bon sens. C’est ce que les économistes appellent une politique contra-cyclique.

Manifestement les gouvernants d’aujourd’hui à commencer par Bruno Lemaire n’adhèrent pas à ce raisonnement. C’est précisément parce que la croissance envisagée faiblit (ce qui entraîne moins de rentrées fiscales) que le ministre de l’Économie et des Finances juge nécessaire de tailler dans les dépenses. C’est ce qu’on appelle la mise en action du « rabot budgétaire » dans les couloirs du ministère des Finances. Cela aura plutôt pour effet de donner un coup de frein supplémentaire à l’économie. Une spirale perverse !

Au-delà, c’est à croire que le gouvernement est tombé sur la tête. Les principaux postes d’ « économies » sont précisément ceux qui étaient mis en avant dans la stratégie 2030 célébrée depuis 2021 par le Président. Voici, par ordre d’importance, les coupes budgétaires annoncées: "Écologie, développement et mobilité durables", suivi par "Enseignement scolaire" et "Recherche et enseignement supérieur", puis viennent dans l’ordre "Cohésion des territoires" (dont les aides au logement) et « Santé ».

 

On nage en pleine incohérence

 

Dans le détail,  cette taille dans les dépenses est de surcroît incohérente. Qu’on en juge par deux exemples :

-          Voici que, le CPF (compte personnel formation) jusqu’ici gratuit, c’est-à-dire à la charge de l’État (et dans certains cas des entreprises) devient payant pour le candidat à la formation. C’est-à-dire que celui-ci devra acquitter une franchise de 100 € pour avoir droit à sa formation.

Cela entre frontalement en contradiction avec le plaidoyer du Président de la République dans son premier mandat à savoir que la formation ne bénéficiait pas suffisamment aux chômeurs. On est carrément en absurdie.

 

-          Autre économie, autre incohérence, l’idée de ne plus prendre en charge à 100% les dépenses liées aux ALD « affections de longue durée ». Les bénéficiaires de cette prise en charge sont les personnes atteintes de maladies chroniques telles que cancers, insuffisance cardiaque grave, diabètes, Alzheimer, Parkinson… au total une trentaine d’affections.

Le projet gouvernemental de laisser un « reste à charge » à ces malades fait hurler dans les milieux médicaux et pas seulement. En effet, les bénéficiaires de ces ALD doivent acquitter des frais médicaux (médecins et médicaments) souvent importants alors que beaucoup souffrent de handicaps qui, par exemple, les empêchent d’accéder à un emploi rémunéré.

Le gouvernement s’il cherche à moins dépenser, serait mieux inspiré à ce sujet d’introduire un critère de revenus. Car il y a bien sûr des bénéficiaires de l’ALD qui auront les moyens d’acquitter une sorte de franchise sur leurs dépenses médicales. Mais il y en a d’autres pour qui une telle franchise sera franchement pénalisante, au risque de cesser certains soins, et pour tout dire foncièrement injuste.

Nul ne peut nier qu’il y a une nécessité de maîtriser les déficits et donc de dépenser moins…ou d’engranger davantage d’argent.

Où donc ? La réponse crève les yeux au vu de l’envolée des entreprises du CAC 40 qui ont réalisé 153,6 milliards d’euros de profits l’an dernier, comme de la fortune avouée d’un certain nombre de milliardaires (au nombre de 141 en France selon le dernier classement du magazine Challenge).

Il devient carrément incompréhensible (ou plutôt fort compréhensible sur un autre plan) que Macron et ses ministres se refusent à toute hausse de la fiscalité sur les hauts revenus et les grosses fortunes -sans même évoquer une réforme fiscale d’ensemble passée hélas depuis longtemps aux oubliettes-.  

Emmanuel  a ressorti du placard son costume de « Président des riches ». Pas question donc de taxer les superprofits ni d’imposer les plus fortunés. Tous les Français paieront la note, à commencer par les plus défavorisés. C'est un comble!

 

Sylvain GOUZ

(12 mars 2024)

 

 

 

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Sylvain GOUZ a créé et anime MEDIΔGOUZ, la structure qui abrite ses activités de journalisme et de conseil media...

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