DSK : HALTE AU FEU MEDIATIQUE !
Pas davantage qu'un autre je n'ai
la moindre information fiable sur ce qu'aurait ou non fait
Dominique Strauss-Kahn. Comme chacun, le connaissant un peu,
j'ai des doutes.
Ces précautions prises, il faut être catastrophé par le
traitement médiatique de l'affaire, par la curée non-stop à
laquelle se livrent, depuis dimanche, la plupart des media et en
particulier les chaînes qui se veulent d'info. Au point de
regretter, pour ma part, d'avoir été à l'origine de la première
d'entre elle.
Les voici diffusées en boucle, ces images voyeuristes d'un
homme, certes suspecté mais nullement condamné, ces images qui
le montrent menotté, encadré de policiers, défait… ces gros
plans sur lui, à la barre du tribunal, mal rasé, le regard vide,
se sachant observé… et finalement incarcéré afin qu'il soit hors
d'état de suivre un éventuel « chemin Polanski ». Aimant les
femmes, riches et célèbres, et juifs… trop de rapprochements
sans doute entre les deux hommes dans les têtes d'un procureur
et d'un juge qui conduisent à la case prison.
Que toutes ces images soient diffusées à l'appui de récits
circonstanciés des faits passerait encore (bien que de telles
diffusions soient condamnables stricto sensu en droit français),
mais qu'elles servent en quelque sorte de fond d'écran pendant
des heures et des heures (de BFM en ITV ou en LCI) provoque une
sorte de nausée -que l'affirmation obligée et sans cesse répétée
de la « présomption d'innocence » n'apaise guère-. Et fait
raisonner cette phrase de François Mitterrand qui parlait de
« livrer aux chiens l'honneur d'un homme » à propos des attaques
dont fut victime Pierre Bérégovoy (qui n'était coupable de
rien).
Aujourd'hui Dominique Strauss-Kahn est déjà à terre.
L'information est-elle à ce point devenue une marchandise que
les media -pas seulement télévisuels hélas- se croient obligés
de se vautrer dans ce voyeurisme indécent qui flatte ce qu'il y
a de plus vil dans ceux auxquels ils s'adressent ?
En attendant d'informer sur la réalité de faits prouvés, s'il
vous plaît, halte au feu !
Sylvain Gouz
(16/05/2011)