Le MES de Merkel et Sarkozy, sorte de « FMI européen »
Et le revoilà ! Célébré lundi par Nicolas Sarkozy et Angela Merkel, le mécanisme européen de stabilité (M.E.S.) prévu pour prendre en 2013 le relais du fonds européen de solidarité (F.E.S.F) fait son entrée solennelle dans la cour européenne et entrera en vigueur dès mi-2012.
Désormais on voit le dispositif au grand jour. En quelques mots, il s'agit d'une sorte de FMI européen qui lierait entre eux les 17 pays de la zone euro pour le meilleur et surtout pour le pire. L'inspiration est clairement néo-libérale, faite de “ programmes d'ajustement macroéconomique ”, de “ privatisations ”, de “ surveillance des politiques économiques ”, “ de rétablissement de la dette publique sur une trajectoire fiable ”. Et ce MES, largement mieux doté en fonds que l'actuel Fonds Européen de Stabilité financière (F.E.S.F.), a un objectif bien précis “ mobiliser des fonds et fournir une assistance financière, sous stricte conditionnalité de politique économique” à ses membres.
Le M.E.S. prendra les manettes
Autrement dit, ce seront les patrons de ce MES qui prendront les manettes économiques des pays qui connaîtraient des déficits importants. Tout comme, dans un passé pas si éloigné, le FMI en Amérique latine ou en Afrique. Bonjour la démocratie !
Le traité instituant le M.E.S. a déjà été paraphé, en toute discrétion, par les 17 ministres des finances de la zone euro le 11 juillet dernier à Bruxelles. Mais pour entrer vraiment en vigueur, il demande davantage que l'onction que lui ont donnée Sarkozy et Merkel. Il requiert le vote de chacun des Parlements des 17. Pour l'heure, c'est loin d'être acquis. La démocratie peut avoir encore de beaux restes…
Sylvain Gouz
(6/12/2011)