journaliste, homme de presse écrite, de radio et de télévision.
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Et si
Macron s'inspirait de Roosevelt...
Macron-Clémenceau, Macron-de Gaulle, Macron-Mitterrand, … apparemment, le Président de la République cherche à mettre ses pieds dans les pas de ses prestigieux prédécesseurs. Alors un conseil, si l’on ose, qu’il traverse l’Atlantique et presqu’un siècle pour retrouver Roosevelt. Le Roosevelt qui aux lendemains de la crise 1929 fait ce qu’il faut ou presque pour sortir les Etats-Unis de l’ornière.
Retour vers ce futur antérieur. 24 octobre 1929, suite à la spéculation boursière effrénée, s’ensuit un Krach, une chute brutale des cours de la Bourse américaine. Panique à Wall-Street, les actions perdent jusqu’à 80% de leur valeur et sont vendues à l’encan par millions en quelques jours. L’économie américaine s’effondre comme un château de cartes : chute de la production industrielle, le nombre des chômeurs passe de 1,5 millions à plus de 12 millions en quelques mois et la contagion de ce « virus boursier » atteindra quasiment le monde entier.
Face à ce désastre, un homme, Franklin Delano Roosevelt, gouverneur de l’Etat de New-York, envisage de se présenter à l’élection présidentielle de novembre 1932, sous les couleurs du Parti Démocrate. Il a une idée en tête, sortir de la crise. Début juillet, se référant aux travaux d’un économiste britannique, John Maynard Keynes, il préconise un plan aux multiples facettes, le « New Deal ». Elu à la présidence, prenant ses fonctions en janvier 1933, il traduira ce plan en actions.
Que retenir du New Deal ? Essentiellement que, face à une montée en flèche du chômage, la politique de grands travaux a permis à des millions d’Américains de retrouver un emploi, et que la taxation des plus hauts revenus a limité l’augmentation des inégalités aux Etats-Unis jusqu'aux années Reagan (1980).
Se "réinventer" près d’un siècle plus tard
2020 n’est pas 1929. Les causes sont évidemment différentes, mais les effets ne sont pas si dissemblables que cela avec l’effondrement de l’activité économique et l’envolée du chômage. Alors en quoi Roosevelt et son new Deal pourraient-ils inspirer Macron qui entend se « réinventer » et nous avec lui ?
Les grands travaux qu’on peut imaginer aujourd’hui ne portent pas sur des infrastructures comme l’aménagement de la vallée du Tennessee dans les années 30 aux Etats-Unis. Mais rappelons quelques pistes -pas trop originales- pour aujourd’hui et surtout demain :
la durée du travail : plutôt que de l’augmenter comme le réclame assez cyniquement le MEDEF, il conviendrai de la réduire amplement. Avec la montée quasi-inéluctable du chômage, le partage du travail est plus que jamais à l’ordre du jour
l’institution d’un revenu d’existence (dans sa version dite de gauche) qui permettrait aux victimes de la crise économique, qui pointe à l’horizon, de garder la tête hors de l’eau
la taxation renforcée des hauts revenus -du taux marginal plafonné aujourd’hui à 45% aux 95% institués par Roosevelt, il y a de la marge- et la ré-institution de l’impôt sur la fortune. Tout ceci à la fois pour renflouer un peu les caisses de l’Etat et surtout pour donner du sens à la solidarité nécessaire dans cet après crise
l’investissement massif dans la transition écologique : notamment en avançant à marche forcée vers la généralisation des véhicules électriques ; en subventionnant les investissements des Français dans les travaux d’économie d’énergie bien au-delà de ce qui est fait aujourd’hui.
Juste quelques bouteilles jetées à la mer, sans trop d’espoir qu’elles soient recueillies à l’Elysée et qu’il en soit fait tant soit peu usage.
Sylvain GOUZ
(10/05/2020)
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Sans tout citer, des mesures du New deal il faut mentionner:
• une politique de grands travaux dont le plus important est
l’aménagement de la vallée du Tennessee sous l’autorité de la
Tennessee Valley Authority (TVA), un programme qui consiste à
construire des barrages hydrauliques sur le fleuve, ce qui
donnera du travail à quelques millions de chômeurs, et produira
suffisamment d’électricité pour attirer des entreprises
industrielles…
• l’instauration d’un état providence (Welfare State) avec la
création d’une assurance vieillesse et d’une assurance chômage
• des aides directes aux agriculteurs
• la séparation des activités de banque d’affaires et de banque
de dépôt
• une réforme fiscale (en 1935) qui porte alors par paliers le
taux d’imposition marginal au-delà d’environ 1 millions d’euros
d’aujourd’hui par an, de 26 à 91%.
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Sylvain GOUZ a créé et anime MEDIΔGOUZ, la structure qui abrite ses activités de journalisme et de conseil media...