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journaliste, homme de presse écrite, de radio et de télévision.

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Manuel Valls fait les gros yeux aux patrons : involontairement, il reconnaît ses erreurs

Les yeux du Premier ministre se seraient-ils dessillés, ou s’agit-il d’une rodomontade sans lendemain à usage exclusif des frondeurs du Parti socialiste et autres syndicats désenchantés ?

 Le constat de Manuel Valls, lundi à l’occasion d’une réunion avec les partenaires sociaux, selon lequel "les engagements (du patronat) ne sont pas respectés" laisse un peu les bras ballants. Tant il est patent que la promesse du million d’emplois que brandissait en étendard le président du Medef à l’automne 2013 a fait "pschitt". C’est le moins que l’on puisse dire.

Le manque d'entrain de la conjoncture est le frein principal à l'embauche

 Selon les derniers chiffres de l’Insee (fin septembre), les créations nettes d’emplois dans le secteur privé se sont élevées à 37.600 en 2015, après 16.200 en 2014. On peut ajouter que seules 16 branches professionnelles sur les 50 principales ont pour l’heure signé des accords dans la foulée du pacte de responsabilité, et trois seulement prévoient des créations nettes d’emploi.

Face aux quelque 40 milliards d’aides aux entreprises, un calcul simpliste conduirait à trouver la facture par emploi créé un peu salée pour les finances publiques.

Les chefs d’entreprise ne sont sans doute pas directement responsables (encore que) de cette contre-performance. Même si les préoccupations politiciennes ne sont jamais totalement absentes de la pensée patronale, c’est le manque d’entrain de la conjoncture, autrement dit le faible niveau de la demande et donc des débouchés, qui constitue le frein principal à l’embauche. Bien davantage que l’on ne sait quelle amodiation du code du travail ou quel rabotage supplémentaire des 35 heures.

Une autocritique inconsciente

 En fait, Manuel Valls, en constatant l’absence de la part des entreprises de retour au "pacte de responsabilité" produit, inconsciemment peut-être, une sorte d’autocritique : l’alpha et l’omega du quinquennat Hollande a été et demeure la stratégie de baisse du coût du travail pour les entreprises, financée en définitive par des relèvements d’impôts sur les consommateurs.

Cette stratégie se révèle pour ce qu’elle est : une grossière erreur.

Ponctionner les ménages pour regonfler les comptes des entreprises n’avait pas grand sens. D’autant que les aides publiques se sont déversées tous azimuts, sans tenir compte du caractère exposé ou non à la concurrence internationale des bénéficiaires…

Le constat ne date pas d’aujourd’hui, Manuel Valls semble en prendre conscience, aiguillonné par le PS et par la proximité des échéances électorales cruciales. 

Gattaz, monsieur toujours plus

 Nous voici donc dans une sorte d’impasse. Le Medef a sans doute raison de dire que changer une nouvelle fois les règles du jeu n’avancerait à pas grand-chose sinon à créer de l’incertitude supplémentaire. Tandis que les admonestations, fussent-elles plus vigoureuses, du Premier ministre auront peu d’effets sur la réalité du terrain.

Jusque ces dernières semaines, Pierre Gattaz, le président du Medef affichait fièrement au revers de son veston un badge "1 million d’emplois". Il l’a remisé depuis lors. 

Désormais, ce "Monsieur toujours plus" subordonne la reprise de l’embauche à de nouvelles réformes "libérales". Celles-là mêmes que le gouvernement s’apprête à lancer timidement et que l’opposition envisage avec gourmandise. 

Mais Manuel Valls peut-il une nouvelle fois accorder foi aux promesses du patronat ?

Sylvain GOUZ

(10/02/2016)

 

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Sylvain GOUZ a créé et anime MEDIΔGOUZ, la structure qui abrite ses activités de journalisme et de conseil media...

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