Amendement Ayrault :
CSG modulable pour les bas salaires, l'impôt citoyen reporté
A
moitié plein, à
moitié vide,
l’amendement
Ayrault a donc
été voté par les
députés contre
l’avis du
gouvernement,
mais il l’a été
en une forme
émasculée. Le
but affiché
était de poser
la première
pierre d’un «
impôt citoyen »
issu de la
fusion impôt sur
le revenu/CSG.
De ce nouvel
impôt il n’est
plus question,
seul subsiste le
principe -pour
2017- d’une
dégressivité de
la CSG pour les
plus bas
salaires (de 1à
1,3 SMIC).
De quoi
s’agit-il ? de
réduire le taux
de la CSG
-aujourd’hui de
8%, quel que
soit le niveau
de salaire ou de
revenu- pour les
plus bas
salaires au lieu
de leur
redistribuer un
peu de pouvoir
d’achat par une
« prime
d’activité ».
Pour faire
court, disons
qu’il s’agit de
ne pas prélever
des sommes qui
seront
redistribuées
aux mêmes par
ailleurs.
Logique
irréfutable…
pourtant réfutée
C’est un
raisonnement
d’une logique
irréfutable. Qui
est pourtant
réfuté par le
ministre des
Finances
lui-même qui
-au-delà d’un
risque
d’inconstitutionnalité-
explique, un peu
embarrassé
peut-être, que
50% des ayants
droit à cette «
prime d’activité
» ne la
réclament pas
(par
méconnaissance
ou par
négligence) et
que, avec
l’amendement
Ayrault, tous
ceux qui sont
concernés seront
bénéficiaires du
nouveau système:
d’où un trou de
quelques
milliards dans
le budget de
l’Etat. Il faut
avouer que c’est
un raisonnement
pour le moins
spécieux…
Le grand intérêt, cela dit, de cet échange « dégressivité de la CSG contre prime d’activité » est de mettre au grand jour une des absurdités du système fiscal et de protection sociale français.
Le sapeur
Camembert (à
l’origine du
fameux « creuser
un trou pour en
reboucher un
autre ») serait
heureux de
constater que,
par exemple, tel
ménage paie,
comme tout un
chacun, des
impôts, (CSG,
impôt sur le
revenu, TVA…) et
reçoit des
allocations
familiales
(financés par
les impôts) en
fonction du
nombre de ses
enfants, par
ailleurs. Nous
avons donc
affaire à une
sorte de pompe à
la fois
aspirante et
refoulante au
détriment et au
profit des
mêmes. Ne
serait-il pas
plus simple que,
dans ce cas, les
allocations
familiales
viennent, en
amont, en
déduction des
impôts?
En généralisant ce principe -songeons aux retraites-, cela aurait l’avantage de faire baisser d’un coup ce fameux taux des prélèvements obligatoires (estimé à 47% du revenu national). Car il faut rappeler que, en gros, la moitié de ce qui est prélevé aux Français leur est redistribué et pourrait donc pour une part, être déduite « à la source ».
Verre à moitié vide
On n’en est certes pas à envisager une réforme d’une telle envergure, puisque, « verre à moitié vide », l’amendement voté par les députés fait même l’impasse (sous l’effet d’un sous-amendement de dernière minute), sur l’ambition initiale de Jean-Marc Ayrault à savoir l’avancée vers la fusion impôt sur le revenu/CSG.
Faut-il redire que le projet de cette fusion a servi de rampe de lancement à François Hollande lors de sa campagne des primaires socialistes, puis lors de la campagne pour la Présidentielle de 2012. C’est peu de dire que le projet est une nouvelle fois renvoyé à plus tard.
Un pas en avant,
deux pas en
arrière, ainsi
va la réforme
fiscale tant
promise et tant
reportée !
Sylvain Gouz
13 novembre 2015