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journaliste, homme de presse écrite, de radio et de télévision.

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Le BREXIT, une chance de se reconstruire pour l’Europe

Un drame à l'échelle d'un continent, voire de la planète (finance) ou une chance historique pour l'Europe  et les Européens? Au lendemain de la victoire du BREXIT britannique, et au-delà de l'émotion immédiate qui fait entendre un peu tout et son contraire, c'est sans nul doute le second terme de l'alternative -chance historique- qui s'impose ou du moins devrait s’imposer.

Flashback. L'entrée de la Grande-Bretagne (1973) dans ce qui se nommait à l'époque le « Marché commun » fut voulue -à l’inverse de de Gaulle- par Georges Pompidou qui organisa même un referendum en France pour valider ce choix. Ce fut une erreur elle aussi « historique » vue avec le recul. Car ce marché commun se mua insensiblement en zone de libre-échange marchande et financière sous les coups de boutoir britanniques. Souvenons-nous de Madame Thatcher et de son « I want my money back », auquel François Mitterrand finit par consentir.

 

Ingouvernementalité chronique

 

Historique également quoique passé presque inaperçu pour le commun des citoyens, fut en 2002-2003, l'élargissement de la communauté européenne à plusieurs pays d'Europe de l'Est, détachés de l'ancien bloc soviétique, qu'il fallait absolument attirer vers l'ouest.

L'intention était louable, on s'en aperçoit aujourd'hui avec les tentations expansionnistes poutiniennes. Mais la mise en œuvre confina à l’absurde. Plutôt que d'inventer des statuts d'association ou de créer un deuxième cercle autour de la communauté, tout à trac on ouvrit en grand la porte de l'adhésion pleine et entière : d'un coup, l'Europe des quinze déjà empétrée dans ses contradictions, devient celle des vingt-cinq… ingouvernable. Déjà qu'à quinze cela bringuebalait un peu, on entra dès lors dans une zone d'ingouvernementalité chronique.

Et le pire fut que cet élargissement funeste fut décidé sans que les peuples aient leur mot à dire : aucun débat, en tous cas en France, pas de  nouveau traité à faire valider que ce soit par les parlements ou par referendums. Tout se passa dans un clair obscur, sans tambour ni trompettes.

De mal en pis depuis lors ! Faut-il rappeler comment in fine Sarkozy signa un nouveau traité européen quasiment frère jumeau de celui que les Français avaient rejeté majoritairement quelques années auparavant. Faut-il souligner les errances des contraintes d'austérité imposées aux peuples européens, Grèce en tête, au nom de principes financiers désincarnés.

 

Ravaudage de façade ou reconstruction du sol au plafond

 

Le BREXIT pourrait fort heureusement mettre un terme à ces palinodies, le conditionnel est de mise car le risque est grand que rien ne change véritablement après la sortie de la Grande-Bretagne –peut-êtrenon accompagnée par l’Ecosse » et l’Irlande- .

Raccommodage ou retricotage ? Ravaudage de circonstance ou reconstruction du sol au plafond ? Bricolage ou re-création ? Rustine ou nouveau départ ? C'est l'alternative devant laquelle l'Europe se trouve placée. Il y a de quoi se montrer pessimiste au-delà des propos lénifiants ce jour des uns ou des autres parmi les gouvernants. Chacun restera, on le craint, bien calé dans ses habitudes. La technocratie bruxelloise joue sa survie. Le Parlement européen voit son existence en tant que tel menacée. Et l’euroscepticisme semble contagieux autant que pernicieux

Repartir d'un bon pied, cela commencerait par rallier à un nouveau projet un nombre très restreint de pays (les six fondateurs, plus peut-être quelques uns dont l'Espagne) quitte à s’élargir sur des bases saines après. Quel projet ? Pas nécessairement un fédéralisme accompli mais une union qui nécessairement irait au-delà de la libre circulation des capitaux et de la régulation économique pour concerner les questions vitales que sont les conditions de vie, autrement dit le volet social qui a tant fait défaut à la communauté européenne en fin de course. Les propositions ne manquent pas de Daniel Cohn-Bendit à Hubert Védrine pour ne citer qu'eux, il y a pléthore d'idées intéressantes.

Le risque évident est que, passée cette secousse du 23 juin, il ne se passe pas grand chose, pour ne pas écrire rien. A l'heure de la montée des extrêmes droites nationalistes ici ou là -et particulièrement ici-, ce serait pire qu'un drame ou une catastrophe, ce serait une faute que nous finirions de payer… au prix fort.

 

Sylvain GOUZ

(24/06/2016)

 

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Sylvain GOUZ a créé et anime MEDIΔGOUZ, la structure qui abrite ses activités de journalisme et de conseil media...

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