50 ans après… CHILI 1973
11 septembre 1973… 50 ans, date anniversaire du coup d’état, le « golpe » de Pinochet, et du suicide du Président Allende. Podcast et ouvrages d’historiens et de chercheurs reviennent aujourd’hui sur cet événement qui instaura la dictature sanguinaire que l’on sait.
J’y ajoute modestement mon témoignage pour avoir vécu ce mois d’août 73 au Chili. Alors journaliste à COMBAT, j’y étais parti entraîné par des amis militants de l’AMR (alliance marxiste révolutionnaire), un groupuscule trotskyste. Je n’ai jamais adhéré au trotskisme, mais j’étais assez proche d’un des animateurs de cette AMR, Maurice Najman. Et je désirai voir de près et comprendre ce qu’on appelait jusque-là l’« expérience Chilienne ».
Expérience oui, de l’élection démocratique d’un président « de gauche ». De quoi nous intéresser, nous qui vivions la France de Pompidou, après celle de de Gaulle et dont les espoirs nés de mai 68 étaient éteints.
Mes amis étaient entrés en contact avec le parti socialiste chilien -via sans doute leurs connexions néo-trotskistes- qui les avaient invités.
Nous voici donc à Santiago, cornaqués par des dirigeants de ce parti. Il faut dire que le PS chilien se situait à la gauche du PC local. Mais Salvador Allende, notable, franc-maçon, était certes membre du PS mais plutôt dans sa mouvance droitière.
Bref, en quelques jours nous avons fait le tour du pays. J’ai notamment le souvenir vivace de notre visite dans l’extrême sud où une révolution agraire était en cours permettant aux Mapuches de récupérer leurs terres. Et d‘une visite à Valparaiso, décalée de quelques heures suite à une alerte de révolte de militaires, nous a-t-on appris.
"DES ARMES POUR LE PEUPLE"
En ce mois d‘août, nous constations une grande effervescence politique, notamment à gauche, au PS mais aussi au MIR (ultra-gauche). J’ai souvenir d’une manifestation sur une grande place de Santiago où l’un des slogans était « des armes pour le peuple »… Allende s’y refusait.
Je me souviens aussi que lorsque Augusto Pinochet a été nommé à la tête des forces armées, durant notre séjour, il nous fut décrit par nos amis socialistes comme " un de nos généraux les plus loyalistes" .
Dire que le coup d’Etat nous a surpris, mes amis et mois serait excessif. Quelques jours avant notre retour (le 1er septembre) les rumeurs de coup d’état militaires s’étaient succédées…
Le jour de notre départ du Chili, dans la salle d’attente de l’aéroport, notre accompagnateur (numéro deux ou trois du PS) m’a remis un document issu du ministère de la planification qui dénonçait l’implication de la CIA dans la grève des camionneurs qui paralysait le pays : une enveloppe de quelques dollars chaque jour pour chaque gréviste… Et, il m’a également confié une sorte de testament oral au micro de mon enregistreur de mini-K7. Un testament … pour le cas où.
Ce document fut diffusé à la Mutualité lors du meeting de solidarité avec la peuple chilien, quelques jours après le coup d’Etat.
Cet ultime témoignage et ce que j’avais pu recueillir comme informations sur place m’ont permis d’analyser le comment et le pourquoi de l’échec de la présidence d’Allende … hélas dans le sang.
D’où notamment, en puisant dans mes archives, cet article publié dans l’UNITE, l’hebdo du PS français, en ce mois de septembre 1973... de triste mémoire.
Sylvain GOUZ
(11/09/2013)
l'article de l'UNITE peut aussi être retrouvé à l'adresse
https://archives-socialistes.fr/themes/archives/static/pdfviewer/?docid=31280&language=fra#
