MediΔgouz.fr est le site éditorial de Sylvain GOUZ,

journaliste, homme de presse écrite, de radio et de télévision.

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Consommation en berne et canicule :

une prise de conscience ?

Le tassement de la consommation des ménages français observé par l’INSEE pour ce deuxième trimestre 2019 n’est pas si facile à interpréter. Le pouvoir d’achat général a été regonflé, toujours selon l’INSEE, par la distribution d’argent macronienne en réaction au giletjaunisme de l’hiver dernier.

Mais, cela a conduit à regarnir les livrets d’épargne plutôt qu’à se présenter chez Renault ou Peugeot pour changer de voiture ou à se brancher sur Amazon et autres pour acquérir le PC dernier cri… Cela veut dire qu’il y a des réserves de dépenses potentielles chez les consommateurs. Epargne de précaution, peur de l’avenir ?

Mais pour autant, ce fléchissement de la fièvre acheteuse, particulièrement sensible en juin dernier (-0,1%) toujours selon les pythies INSEEiennes, ne doit sans doute pas être sous-estimé. Rêvons un peu et risquons-nous à diagnostiquer une certaine prise de conscience de la part des consommateurs. Au-delà bien sûr des dépenses de nécessité auxquelles est réduite une bonne part de la population, n’y aurait-il pas une sorte de mise en question de la vanité du consumérisme à outrance qui, publicité envahissante/insupportable à l’appui, gouverne nos classes moyennes depuis des lustres ?

Marx autrefois diagnostiquait que le capitalisme périrait victime d’une crise de surproduction. On n’en est pas là -surtout à l’échelle du monde- mais imaginons que dans nos sociétés surdéveloppées ce capitalisme, nourri au taux de croissance, soit atteint d’une crise de sous-consommation; imaginons que la marchandisation générale de notre société, activée par ce phénomène bizarre qui se nomme la mode, marque une pause. Et que d’un coup cette expression galvaudée depuis des années de « développement durable » prenne soudainement tout son sens.

Sans être des apôtres de la décroissance, on ne peut que se réjouir de cette tendance naissante chez nos concitoyens à redonner davantage de sens à la durée par rapport à l’éphémère, à privilégier un peu « l’être » à « l’avoir ». Ça commence par chacun d’entre nous…

Toucher du doigt le réchauffement

Et cela d’autant que -ce n’est pas un « coq à l’âne »- la météo s’en mêle : autrement dit les deux canicules de ce début d’été font probablement toucher du doigt le dérèglement/réchauffement climatique dont on nous rebat les oreilles. Voilà une traduction bien concrète des alarmes sonnées tant par les scientifiques du GIEC que par Greta Thunberg, la jeune écologiste suédoise qui incite les jeunes à faire la grève de l’école le vendredi.

Prendre conscience, mais de quoi ? Du simple fait que cela ne peut pas durer bien longtemps comme cela. La terre, nous dit-on, a consommé en cette fin juillet les ressources qu’elle est capable de produire en un an, les catastrophes naturelles se multiplient…

Quel lien avec le fléchissement de la consommation des français au 2ème trimestre 2019 et la mise en danger induite de ce fameux taux de croissance devenu le totem de nos sociétés ? Chacun l’aura compris, il ne s’agit pas seulement de consommer moins ou du moins autrement pour vivre mieux, mais de le faire pour survivre. Pour que nous, nos enfants et les enfants de nos enfants, et au-delà l’ensemble de l’humanité puissent survivre.

Il est semble-t-il déjà trop tard pour éviter que nos thermomètres accusent une hausse de 2 à 3° d’ici 2030 ce qui aura des conséquences funestes. Il n’est peut-être pas trop tard pour limiter la casse à plus long terme. Et pour cela un mot d’ordre s’impose : une société de sobriété, premier pas vers un changement assez radical de nos modes de vie que chacun pressent, consciemment ou non, mais qui est inéluctable.

Bref, vivre autrement pour continuer à vivre…

Sylvain GOUZ

(31/07/2019)

 

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Sylvain GOUZ a créé et anime MEDIΔGOUZ, la structure qui abrite ses activités de journalisme et de conseil media...

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