MediΔgouz.fr est le site éditorial de Sylvain GOUZ,

journaliste, homme de presse écrite, de radio et de télévision.

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Du coronavirus à la « rupture »

Il aura donc fallu passer par la case « coronavirus » pour qu’Emmanuel Macron nous assure que « la santé n’a pas de prix » sans qu’il se croie obligé d’ajouter « qu’elle a un coût », comme l’eut fait un bon néo-libéral ce qu’il semblait être jusque-là.

Nous voici donc avec un Président de la République qui nous assène que « la santé gratuite sans condition de revenu, de parcours ou de profession, notre Etat-providence ne sont pas des coûts ou des charges mais des biens précieux, des atouts indispensables quand le destin frappe » et qui, pour le coup, frappe fort contre le « tout-marché » auquel on était persuadé qu’il adhérait. Ainsi nous a-t-il déclaré un instant plus tard en nous regardant bien en face « qu'il est des biens et des services qui doivent être placés en dehors des lois du marché. Déléguer notre alimentation, notre protection, notre capacité à soigner notre cadre de vie au fond à d'autres est une folie. Nous devons en reprendre le contrôle… ».

Faisons crédit, autant que faire se peut à ces bonnes paroles, à ces paroles fort agréables à entendre, mais qui ne sont à vrai dire que des paroles de bon sens. Ainsi donc Emmanuel MACRON s’apprête, dit-il, à prendre des mesures de « rupture » le moment venu.

Y croire …ou pas

Ainsi, ce que le mouvement des gilets jaunes et les cris d’alarme du GIEC et de Greta Thunberg n’avaient pas réussi à provoquer, la pandémie aujourd’hui quasi-mondiale y est parvenue : mettre au grand jour l’inanité -le mot est faible- d’un système capitaliste parvenu au stade quasi-ultime de sa financiarisation mondialisée et voir un Président de la République française déchirer lui-même le rideau.

On aurait tendance à ne pas trop y croire. Bercé de tant de cynismes, et de paroles qui s’envolent aussitôt que prononcées, on aurait tendance à se réfugier chez LAMPEDUSA et son célèbre « tout changer pour que rien ne change » repris bien sûr dans LE GUEPARD. 

Mais surmontons notre scepticisme, faisons un effort et cherchons plutôt à conforter cette volonté de rupture. C’est qu’il y aura de quoi faire une fois cette épidémie éteinte. Conforter ce système de santé aujourd’hui célébré, et hier vilipendé parce que trop coûteux, rebâtir des infrastructures de production déjà fortement ébranlées à ce jour et sur l’état desquels on peut s’interroger à l’horizon de quelques semaines ou de quelques mois, repenser les priorités des finances publiques -françaises, et européennes- sous le signe du « quoi qu’il en coûte » affirmé par Emmanuel MACRON.

Retour à L’AN O1

A l’écouter nous encourager à la solidarité et célébrer la fraternité, revenait en mémoire une bande dessinée de nos jeunesses : « L’AN 01 » ? C’était le début des années 1970, on sortait à peine de la grande fête de mai 68. Et cette bande dessinée était sous-titrée : « On arrête tout, on réfléchit, et c'est pas triste ». Gébé fut si l’on peut dire l’inventeur de cette utopie, bientôt rejoint par d’autres et plus tard portée à l’écran par Doillon et Resnais.

WIKIPEDIA, cité ici une fois n’est pas coutume, résume ainsi  la BD « L’an 01 »:  « elle narre un abandon utopique, consensuel et festif de l'économie de marché et du productivisme. La population décide d'un certain nombre de résolutions dont la première est « On arrête tout » et la deuxième « Après un temps d'arrêt total, ne seront ranimés - avec réticence - que les services et les productions dont le manque se révélera intolérable. Probablement : l'eau pour boire, l'électricité pour lire le soir, la T.S.F. pour dire "Ce n'est pas la fin du monde, c'est l'An 01, et maintenant une page de Mécanique céleste" ». L'entrée en vigueur de ces résolutions correspond au premier jour d'une ère nouvelle, l'An 01. ».

Revenu minimum d’existence, inégalités…

Bien sûr on ne saurait remercier coronavirus d’avoir fait le boulot « On arrête tout ». Puisqu’on en est là ou qu’on va y arriver, par quoi commencer. Peut-être, sûrement par assurer à chacun (sur la planète mais commençons par ici et maintenant) une vie décente. Pour mettre les points sur les « i », commençons par le revenu d’existence universel dont les modalités sont à passer au crible, mais dont le principe est incontournable.

Ce qui va avec, c’est évidemment la réduction drastique des inégalités de revenus et de patrimoines. Songe-t-on que lors des accords de Grenelle qui soldèrent d’une certaine façon mai 68, le représentant du CNPF (rebaptisé MEDEF depuis lors) aurait admis un écart des salaires dans les entreprises allant de 1 à 15… ? Où on est-on aujourd’hui ? de 1 à 100, parfois de 1 à 1 000. Conclusion : la rupture ce serait aussi de rebâtir la fiscalité pour en faire un véritable outil redistributif au-delà du maigrelet impôt sur le revenu.

Bref, la France, désorganisée et appauvrie sans nul doute après cette épidémie catastrophique est à reconstruire. Notre pays s’est déjà trouvé dans un état peu ou prou comparable, encore que, après la deuxième guerre mondiale.

Bien sûr les problématiques sont tout autres, outre les dégâts de cette épidémie, il faut compter aujourd’hui avec le dérèglement climatique notamment, avec le chômage de masse, avec la mondialisation qui a démontré ses limites.

Mais l’esprit demeure. S’il y a une lecture qui peut donner une direction et animer un espoir c’est évidemment celle du programme du Conseil National de la Résistance.

Bonne lecture !

Sylvain GOUZ

(13/03/2020)

 

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Sylvain GOUZ a créé et anime MEDIΔGOUZ, la structure qui abrite ses activités de journalisme et de conseil media...

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