journaliste, homme de presse écrite, de radio et de télévision.
MEDIΔGOUZ
Mais qui donc prête des milliards à la France ?
Et la valse des milliards continue à nous donner le tournis : quelque 160 milliards de déficit budgétaire en 2024 et environ 3 300 milliards de dette publique cumulée.
Il conviendrait d’abord de limiter le déficit du budget, c’est-à-dire soit réduire les dépenses, soit augmenter les recettes.
Côté dépenses la marge de manœuvre est limitée. Même s’il est possible de tailler ici ou là dans des budgets vraiment improductifs, des coupes sombres auraient un effet négatif sur l’économie et l’entrainerait vers la récession… et tout serait à recommencer !
Il faut donc se tourner vers les recettes, autrement dit vers la fiscalité en poussant les curseurs vers les Français les plus fortunés. La palette est large : rétablissement de l’ISF, suppression du prélèvement fiscal unique sur les revenus du capital, création de nouvelles tranches de l’impôt sur le revenu, suppression des niches fiscales qui permettent aux plus aisés de minorer leurs impôts….
le modèle japonais ?
Et puis, il y a donc la dette publique, ces 3 300 milliards qui ont été empruntés -précisément pour financer les déficits année après année- et qu’il faut/faudra bien rembourser. Mais qui dit emprunt dit, en face, un prêteur. Qui prête de l’argent à la France ? On aurait tendance à penser -en caricature- qu’il s’agit d’investisseurs étrangers, gros fumeurs de Havanes, gérant leur pactole au mieux de leurs intérêts suivant les conseils des « agences de notation ».
Erreur !! Selon les données officielles, les détenteurs de la dette française, autrement dit nos « prêteurs » sont pour un quart des Français, pour un quart la Banque de France dans le cadre de la politique monétaire, pour un quart des investisseurs de la zone euro, et, enfin, pour un dernier quart des investisseurs hors zone euro.
Plus intéressant encore cette précision : « En termes de profil, la dette est détenue par des assureurs, des banques, qui commercialisent le livret A par exemple, des banques centrales, ou des fonds de pension dans les pays où la retraite se fait par capitalisation. »
Voilà qui met plus qu’un bémol à l’idée d’un pays, le nôtre, tenu en laisse par le capitalisme mondialisé et qui n’aurait plus comme unique ressource que d’aller frapper à la porte du FMI… et de cajoler ces agences de notation dont on peut douter par ailleurs de la légitimité et du caractère démocratique.
Pour se rassurer davantage faudrait-il faire appel à l’épargne des Français -qui atteindrait 6 000 milliards hors immobilier- pour renflouer les caisses de l’État ? Et se référer au Japon dont la dette publique atteint le niveau d’un double Himalaya (dans la terminologie de François BAYROU) ? Qu’on en juge, la dette publique française représente 122% du produit intérieur brut (PIB) ? Au Japon, ce pourcentage atteint 266% du PIB. Et pourtant, l’économie japonaise n’a pas de problème pour financer et rembourser sa dette. Celle-ci n’est nullement dans les mains des investisseurs internationaux et cela pour une raison simple : 90 % en est détenue par des investisseurs japonais.
L’exemple n’est cependant pas vraiment probant ; du fait des différences culturelles d’abord. Ensuite, parce que pour investir son épargne dans des fonds d’État, il y a -au-delà des clauses d’indexation et de remboursement- une condition première : la confiance. Et ce n’est manifestement pas ce qui caractérise aujourd’hui le rapport entre les Français et leur gouvernement en ces temps d’incertitude politique et économique.
Sylvain GOUZ
17 décembre2024
MEDIΔGOUZ
Sylvain GOUZ a créé et anime MEDIΔGOUZ, la structure qui abrite ses activités de journalisme et de conseil media...