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journaliste, homme de presse écrite, de radio et de télévision.

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Une très bonne nouvelle : l’euro baisse !

Enfin une bonne, une excellente nouvelle  : l’euro est en baisse face au dollar. Moins de 1,25 dollar pour 1 euro ce 25 mai. Dans les imaginaires collectifs, y compris dans ceux de certains journalistes et économistes les plus avertis, la chute, que dis-je, l’effondrement de la monnaie de référence représente une sorte de catastrophe :  défiance vis-à-vis de l’Europe, attaque contre ce nec plus ultra de la construction européenne que représenterait l’euro. Quelle dégringolade lorsqu’on songe que voici tout juste quatre ans, entre avril et juin 2008, notre belle, notre superbe monnaie européenne se baladait au-dessus de 1,50 dollar  !

Réflexe d’amour propre européen, en l’occurrence bien mal placé, ou simple conformisme  ? il y a belle lurette que les peuples se projettent dans la valeur de leur monnaie sans pouvoir considérer que celle-ci n’est qu’un instrument au service de l’échange de services, ou de marchandises.

A sa naissance, l’euro valait 1,15 dollars

Qui se souvient que son «  cours d’introduction  », autrement dit de sa valeur au moment de sa création au 1er janvier 1999, était de 1,159 dollar donc bien inférieure à celle «  dépréciée  » atteinte en fin de semaine dernière  ? A cette époque, certains disaient qu’il était surévalué et avaient plaidé pour la parité pure et simple  : 1 euro = 1 dollar. Avec des hauts (le printemps 2008 au-delà de 1,50 dollar comme on l’a évoqué) et des bas (entre octobre 2000 et la mi-2002 l’euro se traîne autour, voire au dessous, de 0,90 dollar) la monnaie européenne a, comme on dit, «  flotté  » face à l’étalon monétaire dominant qu’est demeuré le dollar, envers et contre tous et tout.


 

Le cours de l’euro depuis sa naissance (Rue89)

Médaille à double face

Il y a évidemment des avantages et des inconvénients à voir sa monnaie être surévaluée comme c’est le cas depuis quelques années pour l’euro.

  • Principal avantage, cela minore le prix des importations libellées en dollars, à commencer par les hydrocarbures et principalement le pétrole.
  • Revers de la médaille, les produits libellés en euros, par exemple les airbus dont nous sommes si fiers, se heurtent à une concurrence accrue et sévère sur le marché mondial face aux avions de l’adversaire américain Boeing.

On dira que, pour autant, les exportations allemandes sont demeurées fleurissantes. C’est vrai dans la mesure où la plupart de ces exportations bénéficient d’un atout «  qualité  » qui compense, et au-delà, l’effet monétaire.

On peut renverser le raisonnement : si l’euro continuait de dévisser et par exemple retrouvait sa parité initiale, cela alourdirait certes la facture pétrolière des pays de la zone euro, mais favoriserait de manière spectaculaire leurs exportations sur les marchés mondiaux.

Flottement généralisé ou presque

Depuis la généralisation du flottement des monnaies, c’est-à-dire leur valorisation en fonction de l’offre et de la demande, dans les années 1970, il n’y a plus de grand rapport entre les parités des monnaies entre elles et les réalités économiques. Ce sont les écarts de taux d’intérêt et les anticipations qui incitent les détenteurs de capitaux à placer leurs avoirs plutôt dans telle devise que dans telle autre, ce qui fait monter le cours de l’une et baisser celui de l’autre. A une exception notable, celle du yuan chinois qui ne se plie pas au jeu du flottement et dont la valeur est fixée unilatéralement par la banque centrale chinoise.

Précisément, il y a quelque incohérence à se plaindre, à se lamenter et à protester contre la sous-évaluation de la monnaie chinoise – ce qui dope les exportations de ce pays et freine ses importations – et à geindre dès que les cours de l’euro s’assagissent un peu. La meilleure chose qui puisse advenir à la zone euro sur le plan du commerce international, c’est précisément de retrouver la compétitivité monétaire qu’elle n’a plus.

Parité de pouvoir d’achat plutôt que spéculation

Euro trop fort, euro trop faible  ? La meilleure façon, la plus rationnelle sans doute, la plus utopique peut-être, de déterminer la «  vraie  » valeur de la monnaie européenne vis-à-vis du dollar serait de se placer non pas sur le plan de la spéculation (que rapporte un placement en euros face à un placement en dollars), mais d’ajuster les cours des monnaies en fonction des parités de pouvoir d’achat ou de salaires réels.

Il suffirait de constituer des «  paniers  » de biens de services et de salaires comparables sur les deux rives de l’Atlantique pour déterminer le bon rapport entre l’euro et le dollar. Ce serait loin d’être simple vu la disparité des économies européennes, mais nullement hors d’atteinte.

En tous cas, répétons-le, au moment où le débat européen se déporte de manière heureuse de l’austérité vers la croissance, les attaques spéculatives, qui font un peu faiblir la trop grande vigueur de l’euro, tombent vraiment à pic.

 

Sylvain Gouz

(27/05/2012)

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Sylvain GOUZ a créé et anime MEDIΔGOUZ, la structure qui abrite ses activités de journalisme et de conseil media...

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