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journaliste, homme de presse écrite, de radio et de télévision.

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Faire payer la Grèce ou reconstruire l’Europe

A l’heure où ces lignes sont écrites, dimanche, milieu d’après-midi, entre la réunion des ministres des finances de l’euro-groupe et celle des chefs d’Etat et de gouvernement de ce même euro-groupe, l’Europe se trouve à la croisée des chemins : croire à la bonne foi de M. Tsipras tout en sachant que la remise sur pieds de l’économie grecque sera semée d’embûches,  ou lui fermer la porte au nez en affichant un certain dédain, voire un total mépris, pour ses dernières propositions.

 Il faut bien dire que le comportement  pour le moins sinueux du chef de gouvernement grec depuis son accession au pouvoir et singulièrement ces dernières semaines, n’incite guère à lui signer un chèque en blanc. Mais que l’on croie ou non à sa bonne foi du jour, le véritable enjeu n’est pas là.

Les effets destructeurs de l’austérité MERKOZY

 On peut être certain qu’un éventuel accord sur les dernières propositions de réforme grecques, assorties d’un nouveau prêt et d’un rééchelonnement de la dette (en durée et/ou en taux) constituera un compromis boiteux. Il faudra des années pour que ce pays se redresse. Il ne saurait en être autrement : la potion destructrice administrée depuis 2010 au nom du pacte de stabilité européen  a mis la Grèce à genou  même si elle y a mis un peu du sien avec notamment le maintien des exonérations fiscales en faveur des plus riches (dont les armateurs et l’Eglise).  Faut-il rappeler que ce pacte qui a institutionnalisé l’austérité en Europe fut conçu et imposé, par le tandem Merkozy de sinistre mémoire.

 Aujourd’hui Angela Merkel n’est plus en mesure d’imposer autant son diktat en dépit de la ritournelle usée sur l’excellence du couple franco-allemand, même si elle est rejointe dans son intransigeance par les Pays-Bas, l’Autriche et certains pays de l’Europe centrale. Leur intransigeance –qu’ils nomment pudiquement manque de confiance- vis-à-vis de la Grèce fait immanquablement penser au « l’Allemagne paiera » qui donna lieu au traité de Versailles au lendemain de la guerre 14-18. On sait sur quoi il déboucha.

« Athènes paiera » et après…

Leur « Athènes paiera » éventuel  d’aujourd’hui ne peut conduire qu’à une sortie « sauvage » de la Grèce de la zone euro et donc  peu ou prou à une implosion de celle-ci et de proche en proche à un détricotage de la construction européenne.

 Après tout pourquoi pas, pourrait-on se dire. L’Europe à 28, depuis des années,  ne produit plus rien d’autre que de l’austérité et de la bureaucratie. Elle est devenue une juxtaposition d’égoïsmes nationaux plutôt qu’une marche lente mais assurée vers un ensemble cohérent et complémentaire. Sans doute cela date-t-il du grand élargissement de 2003 -entrée de 10 nouveaux pays membres, pour la plupart des anciens pays de l’Est- qui a rendu l’Union européenne quasiment ingérable.

 L’Union européenne est sans nul doute à repenser mais sûrement pas dans l’affolement  pour ne pas dire la panique que risque de provoquer l'éventuelle sortie « sauvage » de la Grèce. Sans compter que cet « Athènes paiera » peut se traduire en Grèce même par une montée incontrôlée autant qu’incontrôlable de l’extrême droite néo-nazie.

 Fils spirituel de Jacques Delors, François Hollande, candidat, s’était engagé à renverser la table du Conseil européen. Il n’a pas voulu, n’a pas osé, le faire dès son élection. A l’heure présente , le Président français a la chance historique d’être le champion d’une reconstruction dans le calme, la clarté et la persévérance de l’Europe dont la crise grecque aura été et continuera d’être le catalyseur.

Sylvain Gouz

11 juillet 2015

 

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Sylvain GOUZ a créé et anime MEDIΔGOUZ, la structure qui abrite ses activités de journalisme et de conseil media...

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