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journaliste, homme de presse écrite, de radio et de télévision.

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La fraude au chômage, une soupape pour la marmite sociale

En s’alarmant des chômeurs qui ne chercheraient pas du travail, François Rebsalem, ministre du Travail –même après rétractation des propos en question– s’inscrit dans une longue lignée d’hommes politiques qui ont eu tendance à mettre en doute la fiabilité du thermomètre plutôt que la température du malade.

Les « faux chômeurs » gonfleraient artificiellement les statistiques. De Raymond Barre, Premier Ministre dans les années 70, à Michel Charasse ministre du Budget en 1991, j’en passe et sans doute des meilleurs.

Dans la même catégorie, on ne négligera pas Laurent Wauquiez –ministre des Affaires européennes sous Sarkozy– et son pour le moins fâcheux « assistanat cancer de la société française » (2011) ou encore Roselyne Bachelot, alors ministre des Solidarités et de la Cohésion sociale qui, toujours en 2011, lançait à grand fracas médiatique la lutte contre les fraudeurs aux allocations familiales.

Au même moment, d’ailleurs, un rapport parlementaire rédigé par un député UMP, Dominique Tian, s’en prenait au « travail au noir » estimé à 1% des sommes officiellement déclarées par les particuliers pour les travaux à domicile.

Faux chômeurs, faux assistés, faux allocataires… la France serait donc le pays de la grande débrouille, le paradis des fraudeurs en tout genre (n’oublions pas les fraudeurs du fisc qui coûtent nettement plus cher à la collectivité).

Une fraude difficile à évaluer

Sans doute, y a-t-il des hommes et des femmes qui « se complaisent » dans les allocations chômage sans effectivement faire trop d’efforts pour retrouver un emploi. De fait, il est difficile d’évaluer leur nombre. A en croire certains experts, notamment des syndicalistes de pôle emploi, ils représenteraient au maximum de 1 à 5% des effectifs des chômeurs. Mais il faudrait à ce point se demander ce que sont vraiment, aux yeux des autorités, les efforts requis pour rechercher un emploi…

Il ne fait cependant guère de doute que ces faux chômeurs, comme les faux allocataires ou les artisans travaillant « sans facture » sont une réalité. Et j’ajoute d’emblée une réalité « heureuse ».

Il n’est évidemment pas question ici de faire l’éloge de la fraude, injustifiable moralement, délictueuse par nature et anti-démocratique dans son essence, mais de constater qu’un système sans aucune fraude ne peut guère exister sauf à nous faire entrer dans un meilleur des mondes bureaucratique, policier et totalitaire à souhait.

De la même façon que nombre de commerces, notamment les supermarchés, intègrent dans leurs comptes une « démarque inconnue » représentant un « chapardage » inévitable, une société démocratique est conduite, sauf à se dénier elle-même, à accepter ces accommodements avec la réglementation et la loi.

Oui, il y a des failles dans le système et certains petits malins en profitent au détriment de la collectivité. Cela est détestable mais vaut mieux qu’une société sans faille aucune qui, de proche en proche, finalement rognerait les libertés. En ce sens la fraude serait une sorte de soupape qui éviterait que la marmite sociale explose et que la démocratie s’étiole.

Sylvain Gouz

(4/09/2014)

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Sylvain GOUZ a créé et anime MEDIΔGOUZ, la structure qui abrite ses activités de journalisme et de conseil media...

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