Macronie: que la fête commence… mais sans la réforme fiscale
En marche donc. Vers où ? comment ? A quelle vitesse ?...Toutes élections soldées chacun sait comment, voici le réel qui revient au galop. Une conjoncture économique un peu meilleure, n’exagérons rien, un environnement international dynamique et donc un quinquennat qui démarre sous le signe magique du « en même temps ».
Pour un premier article sous
l’ère Macron, attachons-nous à
ce qui a fait beaucoup causer
pendant la campagne des
législatives notamment à droite,
la substitution de la CSG à
certaines cotisations sociales
pesant sur les salaires. Cette
fiscalisation d’une partie des
ressources de la protection
sociale va incontestablement
dans le bon sens.
Prenons d’abord l’assurance maladie. Aujourd’hui, la quasi-totalité de la population est couverte d’une façon ou d’une autre par cette assurance maladie, donc il n’y a plus grand sens à financer celle-ci par des cotisations pesant sur les seuls salaires. D’autant qu’il n’y a pratiquement aucun rapport entre les remboursements des frais de santé de tel ou tel et les cotisations qu’il a versées. Il paraît autant logique qu’équitable que cette partie de la protection sociale relève de l’ensemble des citoyens, même si la CSG reste insatisfaisante par son caractère « proportionnel » et non « progressif ».
Concernant le financement de
l’assurance chômage, le
raisonnement est un peu
différent dans la mesure où les
indemnités sont fonction du
salaire antérieur et donc des
cotisations versées (encore que
si celles-ci soient plafonnées à
hauteur de quelque 1 300 € de
salaire mensuel brut). La
fiscalisation ici se comprend
dans le cadre de la
généralisation envisagée de
l’indemnisation du chômage, qui
bénéficierait désormais aux
non-salariés et permettrait aux
salariés qui voudraient
démissionner d’être considérés
comme chômeurs, une fois tous
les cinq ans.
Du plus pour les uns, du moins
pour les autres
Mais le diable se cachant toujours dans les fameux détails, le passage d’un financement par les cotisations des salariés à un financement par des contributions sociales généralisées fera des heureux et des malheureux, apportera du pouvoir d’achat aux salariés, mais en ponctionnera un peu aux retraités -à l’exception de ceux dont les pensions affleurent le minimum vieillesse-. Les titulaires de revenus du capital, si l’on préfère les épargnants, pourraient se voir également pénalisés, sauf les plus fortunés puisqu’il est prévu de revenir à un prélèvement forfaitaire de 30% (en remplacement de l’imposition avec les autres revenus).
Un peu plus pour les uns, un peu
moins pour certains autres, sans
que tout ceci soit vraiment
placé sous le signe d’une
réduction réelle des inégalités
de revenus et de fortune.
Décidément le « en même temps »
reste difficile à caractériser.
A propos, mis à part les allègements d’impôts sur les sociétés pour les entreprises, l’amodiation de l’ISF sur laquelle nous reviendrons et l’exonération de taxe d’habitation pour 80% des contribuables, il semble que, dans cette macronie triomphante, sauf erreur, l’idée même d’une grande réforme fiscale tournée vers la justice sociale soit désormais bien tombée aux oubliettes.
Sylvain GOUZ
(24/06/2017)