MediΔgouz.fr est le site éditorial de Sylvain GOUZ,

journaliste, homme de presse écrite, de radio et de télévision.

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Nicolas Sarkozy veut pulvériser les 35h :

une aubaine

pour François Hollande et la gauche

Sarkozy, Juppé, Fillon et Cie ont donc renoué avec leurs vieux démons : jeter aux orties, supprimer, détruire, oublier, pulvériser, déchiqueter… les 35 heures.

 Hollande peut prendre une bonne bouffée d’air frais et avec lui tous les candidats socialistes aux élections régionales : leurs meilleurs ennemis sont sortis du bois non sans cynisme. Leur but commun : séduire la partie la plus droitière de l’opinion et surtout les chefs d’entreprise, du moins le pensent-ils.

 Un coût de 12 à 20 milliards d'euros par an à l'Etat

 Bien sûr, aucun des prétendants à la primaire de droite prévue l’an prochain ne proclame carrément qu’il faut en finir avec ces maudites 35 heures.

Sarkozy pratique l’anti-phrase en affirmant dans "Les Echos" que "toute entreprise qui souhaitera s’exonérer des 35 heures devra pouvoir le faire" tandis que, Juppé veut remonter la durée légale du travail à 39 heures, ajoutant que les allongements de la durée du travail devront être compensés et que Fillon, plus expéditif, veut supprimer purement et simplement la notion de durée légale du travail.

Mais savent-ils, ces pourfendeurs de la réduction du temps de travail, que la suppression des 35 heures de façon générale – ce qui est leur but ultime – devrait se traduire bien logiquement aussi par la suppression des contreparties accordées aux entreprises au moment du passage aux 35 heures et pérennisées depuis lors ?

 Ces allègements de charges pèseraient raient de 12 à 20 milliards par an sur le budget de l’Etat, selon les estimations. Que les dirigeants de LR aillent donc demander aux chefs d’entreprise qui en bénéficient s’ils s’en passeraient si volontiers.

 Un sondage biaisé 

 A droite, on nous dit a satiété que les Français seraient prêts d’eux-mêmes à abandonner les 35 heures. Et de nous jeter à la figure un sondage miracle qui le prouverait : "7 Français sur 10 estiment qu’il faudrait laisser les entreprises fixer le temps de travail en accord avec leurs salariés".

 Sous cette formule alambiquée, l’institut CSA faisait en septembre dernier le bonheur des pourfendeurs des 35 heures. Ainsi "Le Figaro", bon thermomètre de la pensée de droite, pouvait-il titrer "Les Français se disent prêts à renoncer aux 35 heures".

 Regardons- y de plus près. C’est ce qu’a fait "l’Observatoire des sondages" :

 1. Ce sondage d’abord a été commandité par l’Institut Montaigne, "Les Echos" et Radio-classique, trois institutions proches, si l’on peut dire, du MEDEF à quoi on peut ajouter que l’institut de sondage CSA est la propriété du groupe Bolloré (si peu interventionniste !)… fermez le ban.

2. Ensuite, les sondés ne se sont pas vus demander "Êtes-vous prêts à renoncer aux 35h ?" mais ils ont eu à répondre à une question plus sibylline : "Selon vous, faut-il laisser les entreprises fixer librement le temps de travail, par accord avec leurs salariés ?". 

Pas question des 35h dans la question qui, de surcroît, évoque "l’accord des salariés". Et l’Observatoire des sondages de rappeler : "Tous les sondeurs connaissent pourtant ce précepte élémentaire du métier : de la question posée dépend la réponse obtenue".

On attend donc avec impatience le sondage qui proposerait une question simple et explicite : "Faut-il supprimer les 35h ?" On peut dire "chiche" à CSA, à l’Institut Montaigne, aux "Echos" et à Radio-classique. Et on peut d’ores et déjà présumer la réponse, elle sera majoritairement négative.

 Grand écart gauche-droite

Sarkozy et consorts veulent "refonder le modèle social français", expression de l’ancien Président qui, au-delà des 35 h, entend notamment "refonder le dialogue social, assouplir le statut de fonctionnaire, autoriser les licenciements économiques et revenir à la dégressivité des allocations chômage" .

C’est le moment  pour la gauche, y compris de gouvernement – Macron excepté peut-être – de faire valoir le grand l’écart qui la sépare de la droite.

A l’heure où s’ouvre la campagne électorale pour les Régionales, plutôt que de concourir à qui sera le plus "sécuritaire", les socialistes ont tout intérêt à recentrer les débats sur le social : refonder ou protéger le modèle social français ? Cela intéresse au premier chef les électeurs. En mettant cyniquement cartes sur la table, les dirigeants de droite leur en fournissent une belle occasion.

Sylvain Gouz

(30/9/2015)

 

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Sylvain GOUZ a créé et anime MEDIΔGOUZ, la structure qui abrite ses activités de journalisme et de conseil media...

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