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journaliste, homme de presse écrite, de radio et de télévision.

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Revoilà le « Président des riches »

 

« Pas touche à la fortune des plus riches ». Le veto est venu de l’Elysée dans la foulée de la recommandation de l’économiste Jean Pisani-Ferry qui voit dans l’instauration d’un « impôt exceptionnel et temporaire, assis sur le patrimoine financier des 10 % de ménages les plus aisés » l’un des outils nécessaires pour financer la transition écologique.

 Le « n’y touchez pas » présidentiel (relayé en temps réel par Bruno LEMAIRE, le ministre des Finances) conduit ainsi Emmanuel MACRON à ressortir du placard son habit à peine écorné de « Président des riches » mis de côté le temps d’un « quoi qu’il en coûte ».

 Jean Pisani-Ferry n’est pas un gauchiste. Il fut l’un des contributeurs au programme électoral de la campagne électorale MACRON 2017, même s’il manifeste aujourd’hui un certain désaveu à l'égard de la période écoulée depuis lors. Son rapport, plutôt celui de la commission au nom de laquelle il s’exprime, préconise également un recours accru de la France aux emprunts sur les marchés financiers, quitte à battre en brèche les sacro-saintes règles européennes actuelles en la matière.

 Même refus presque indigné de Bruno LEMAIRE. A l'entendre, on croirait un Hargagon de Molière agacé que l’on s’en prenne à sa « cassette ».

LA TRANSITION COÛTERA CHER A COUR TERME

Et pourtant, pour reprendre une formule devenue une sorte de mantra « il n’y a pas d’argent magique ». 

 Et pourtant, comme le souligne le rapport de la commission Pisani-Ferry -avant de se révéler bénéfique à un horizon plus lointain- la transition écologique, à court terme, loin de créer des emplois et de relancer la croissance -comme on le répète à l’envi à gauche comme à droite- va coûter cher, très cher : pas moins de 34 milliards par an à financer par l’Etat d’ici à 2030 pour autant qu’il s’agisse vraiment de viser la « neutralité carbone » en 2050.

 Et pourtant selon ce même rapport, au-delà même des finances publiques, la trajectoire envisagée pour cette transition, (toujours promise jamais vécue), va peser prioritairement sur les classes populaires (en termes de chauffage, de transports, de « sobriété »...)

 Et l’économiste de lancer cette mise en garde, notamment dans l’interview qu’il a accordée au MONDE, voici quelques jours : « Le coût économique correspondant (à la transition écologique nécessaire) ne sera accepté que si personne n’est placé devant un choix sans solution, et si les sacrifices sont équitablement répartis. Sinon, on aura de nouveau des formes de révolte comme les « gilets jaunes ». C’est intolérable pour les gens de s’entendre dire : « Vous ne pouvez plus utiliser votre voiture thermique, alors que les plus aisés vont simplement payer leur week-end à Rome un peu plus cher. »

répartir les sacrifices

 Répartir équitablement les sacrifices, voilà une pensée qui aurait permis à Emmanuel MACRON de faire passer sa réforme des retraites. Tout est symbole. Y aurait-il eu un demi-point de hausse sur le taux de prélèvement des plus hautes tranches de l’impôt sur le revenu, et quelques décimales en plus sur les charges sociales des entreprises que le « travailler plus » eut été plus acceptable.

 Mais voilà, peut-être mal conseillé, entêté dans ses certitudes, le Président de la République a-t-il seulement imaginé que pour qu’une réforme soit tolérée sinon applaudie, il faut qu’à son frontispice figure le mot « EGALITE »?

Le rétrécissement de l’impôt sur la fortune d’antan en impôt sur la fortune immobilière n’a pratiquement pas eu d’effets bénéfiques mesurables et incontestables sur l’économie française même s’il a fait se rapatrier quelques possesseurs de grosses fortunes. Du coup, il a habillé, et pour longtemps, Emmanuel MACRON de ce costume de « président des riches » évoqué plus haut.

 Loin de s’en dévêtir aujourd’hui, le Président récidive avec son refus d’un nouvel ISF transitoire. Sans pour autant indiquer de quelle façon faire accepter aux Français les sacrifices -il s’agit bien de cela- que nécessite la lutte contre le réchauffement climatique. Des sacrifices certes mais qui ne seront acceptables et donc acceptés qu’à la condition qu’ils soient vraiment répartis et non imposés aux plus faibles.

 

Sylvain GOUZ

(25 mai 2023)

 

 

 

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Sylvain GOUZ a créé et anime MEDIΔGOUZ, la structure qui abrite ses activités de journalisme et de conseil media...

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