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journaliste, homme de presse écrite, de radio et de télévision.

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Quand le MEDEF fait sa pub… plutôt que de relancer l’emploi

« Ce que le MEDEF peut faire pour vous, appelez le 01… » Tel est le message « publicitaire »qu’on peut entendre ces derniers jours sur les ondes d’une radio publique, France INFO en l’occurrence.

Grave question : qu’est-ce que le MEDEF pourrait bien faire pour nous ? Première réponse spontanée et radicale, s’auto-dissoudre puisqu’il n’a pas réussi à mettre en œuvre la promesse de son Président : créer un million d’emplois.

Plus sérieusement le MEDEF, appelons le patronat pour être bien compris, pourrait sérieusement apporter quelques contreparties aux milliards d’euros généralement déversés par le gouvernement en faveur des entreprises. Les chiffres assez désastreux du chômage publiés ce jeudi 26 novembre montrent à l’envi que l’embauche n’est pas au rendez-vous du fameux « pacte de responsabilité » lancé par le Président de la République. Dit autrement les patrons, surtout les « grands », pourraient cesser de « savonner la planche » de François Hollande.

Jeter aux orties le théorème de SCHMIDT

Plus fondamentalement, le patronat pourrait jeter aux orties ce fameux théorème de SCHMIDT qui lui sert de bréviaire depuis quarante ans. Théorème de SCHMIDT  -chancelier allemand qui fut dans les années 1970  le partenaire privilégié de Valéry Giscard d’Estaing- autrement dit,affirmation que « les profits d’aujourd’hui sont les investissements de demain et les emplois d’après-demain ».

A force d’être seriné, proclamé, acclamé, par la droite comme par la gauche libérale, ce théorème, dont on prétend à plus ou moins juste titre qu’il fut à l’origine du « miracle allemand », est devenu au fil des ans, en France, une illusion aussi pernicieuse que contagieuse.

Première assertion discutable, les profits d’aujourd’hui seraient les investissements de demain. Bien sûr, sans profits, une entreprise ne peut pas investir grand-chose sinon à s’endetter, mais ce n’est pas parce que cette entreprise serait profitable qu’elle serait conduite nécessairement à investir. Les actionnaires dans une grande entreprise du CAC 40, tout comme dans une PME, vont d’abord  prendre leur part du gâteau, c’est le postulat de base du capitalisme. Les salariés vont demander/exiger, avec plus ou moins de réussite, d’en prendre une autre.

Ce qui reste ira peut-être en investissements,… ou peut-être pas. Faute de débouchés, investir n’est pas une évidence. Un patron avisé regardera ce qui est le plus rentable : investir ou effectuer des placements financiers, ou encore garder ce qui reste en trésorerie. Il faut toujours avoir en tête cet aphorisme signé Yvon GATTAZ (le père de l’actuel président du MEDEF) selon lequel « on ne fait pas boire un âne qui n’a pas soif ». Manière de dire que, en l’absence de débouchés, investir n’est pas une évidence même si on en a les moyens.

Quand l’investissement détruit l’emploi

Soyons optimistes. Voici une entreprise profitable, et qui, au vu de son marché en légère reprise, consent à investir. Investir oui mais dans quoi ? Dans des machines plus performantes qui vont accélérer les suppressions d’emplois, dans des robotiques qui vont renvoyer les ouvriers, les employés, aux guichets de pôle emploi. Les exemples pullulent. Il suffit de se rendre dans n’importe quel hypermarché pour constater que désormais existent des caisses automatiques : scannez vous-mêmes vos achats, cliquez sur l’écran pour payer avec votre carte bancaire et le tour est joué.

Les huit caisses automatiques installées à la sortie de cette grande surface auront eu pour contre-partie la diminution -de dix à deux- du nombre de caisses « humaines ». Devinez où sont passées les caissières d’antan ? Ce n’est pas que caissière d’hypermarché ait été une sinécure, mais enfin cela vaut peut-être mieux qu’une place dans les files d’attente des demandeurs d’emploi !

Les algorithmes dévoreurs d’emploi

Globalement, une étude récente menée aux Etats-Unis prévoit que « la perte nette d’emplois engendrée par l’automatisation serait de 7%  d’ici 2025 ». Et c’est loin d’être la prévision la plus pessimiste sur le sujet. Cela devient une banalité que de se dire que nous vivons une troisième révolution industrielle : après celle du  charbon et la machine à vapeur, après celle de l’électricité voici la révolution des algorithmes, dévoreurs d’emplois.

Alors voilà. Ce que le MEDEF peut  -pourrait- faire pour nous, c’est reconnaître que cette équation « profits = investissements = emplois » est carrément obsolète et battre sa coulpe. Cela ne créera pas d’emploi mais au moins contraindrait les responsables de l’Elysée à Matignon à changer de politique économique. Laissons donc le chancelier Schmidt, qui vient de mourir, aux pages des livres d’histoire du 20ème siècle, et biffons définitivement son pseudo-théorème.

Sylvain Gouz

27 novembre 2015

 

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Sylvain GOUZ a créé et anime MEDIΔGOUZ, la structure qui abrite ses activités de journalisme et de conseil media...

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