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journaliste, homme de presse écrite, de radio et de télévision.

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Neuf réflexions autour du gilet jaune

 

 

  1. Tout est symbole. Au-delà des taxes sur les carburants, la suppression de l’Impôt Sur la Fortune (avec l‘introduction de la flat-taxe) en tout début de quinquennat est sans doute, comme le feu qui couve, le déclencheur principal du mouvement actuel.  

  2. Cette suppression de l’Impôt Sur la Fortune -même substitué par un Impôt sur la Fortune Immobilière- a été et demeure vécue comme un cadeau aux riches. Et de même la flat-taxe qui réduit l’impôt sur les revenus du capital. Macron s’est taillé ainsi lui-même son costume de « Président des Riches ». Il n’arrive pas à s’en défaire. Il a eu beau expliquer que cela allait revigorer l’investissement, il ne convainc pas grand monde. D’autant et même surtout, que les ex-assujettis à l’ISF comme les bénéficiaires de la flat-taxe peuvent faire ce qu’ils veulent de ces « cadeaux ». L’argumentation marconienne aurait été plus crédible si l’argent ainsi rendu aux riches avait été « conditionné » à des investissements productifs. Il n’en a rien été.

  3. En termes de ressenti, celui qui adhère au giletjaunisme exprime évidemment des revendications contradictoires du genre « moins d’impôts et de taxes … et davantage de services publics » ou « suppression du CICE (donc plus de charges pour les entreprises) … et augmentation des salaires ». C’est compréhensible, mais ces contradictions interdisent des réponses simples.

  4. Chacun ses contradictions. Quoi qu’il imagine pour sortir de ce qu’il faut bien appeler une crise, Emmanuel Macron est lui aussi pris dans une contradiction flagrante, à savoir la nécessité dans laquelle il s’est mis de respecter le pacte de stabilité européen alors que toute solution nécessitera un gonflement des finances publiques.  Exemple : revitaliser les services publics (écoles, hôpitaux, petites lignes de chemins de fer…) ne se fera pas sans que l’Etat mette la main à la poche. Et ce n’est pas en supprimant des emplois de fonctionnaires qu’il sortira de ce piège.

  5. Les prélèvements obligatoires ont bon dos. Il est devenu banal d’affirmer que la France est de ce point de vue la championne d’Europe, du monde, voire de l’univers… C’est totalement faux. Plus de la moitié de ces prélèvements obligatoires (je fais grâce des chiffres) est « rendu » aux Français sous forme de prestations diverses (retraites, remboursement des frais de santé, allocations diverses -familiales, logement, handicapés…-, RSA, etc.).

  6. Ce chiffre des prélèvements obligatoires (pourcentage des impôts et taxes rapportés au produit national brut) est victime d’un « effet d’optique ». Autrement dit, il suffirait pour savoir ce qu’il en est réellement, de déduire les prestations servies des impôts prélevés. Par exemple le ménage qui bénéficie d’allocations familiales déduirait le montant de celles-ci de l’impôt sur le revenu, voire de la CSG qu’il paie. Et le tour serait joué : les prélèvements obligatoires visibles baisseraient instantanément de plusieurs points.

  7. L’échelle des revenus en France (comme dans la plupart des pays du monde Chine comprise) est devenue folle. Hasard malin, la mise en exergue des rémunérations diverses de Carlos Gohn lors de son arrestation au Japon a contribué à mettre le feu aux poudres : 13 millions d’euros l’an dernier soit environ 40 000 euros par jour pour Carlos Gohn face à un SMIC qui n’atteint pas 1 200 euros par mois net. Et l’ancien patron de Renault-Nissan n’arrive qu’au troisième rang du palmarès des patrons français les mieux payés.

  8. Si chacun, ou presque, convient qu’il y a un vrai problème de pouvoir d’achat, pour le résoudre il ne faut pas seulement compter sur l’effet plus ou moins redistributif de la pompe aspirante / refoulante constituée par les impôts et les prestations sociales tels qu’ils sont. Agir sur les revenus primaires (salaires, revenus des non-salariés) est également nécessaire. Au-delà de la nécessaire contraction de l’échelle des rémunérations dans les entreprises, risquons-nous à imaginer une sorte de revenu d’existence qui mettrait à niveau des conditions de vie minimum…

  9. Tout est symbole. Mais méfions-nous cependant des « pansements » pensés et appliqués à la va-vite qui sans doute permettraient de faire baisser la pression sociale dans l’immédiat, mais qui participeraient de cette myopie française qui consiste, depuis des décennies, à sacrifier l’avenir au présent avec comme seule ligne d’horizon la prochaine échéance électorale.

Sylvain GOUZ

(2/12/2018)

 

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Sylvain GOUZ a créé et anime MEDIΔGOUZ, la structure qui abrite ses activités de journalisme et de conseil media...

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