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journaliste, homme de presse écrite, de radio et de télévision.

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Face à Merkel, Hollande a le renfort des Grecs

En même temps qu’il recevait les suffrages d’une majorité d’électeurs, François Hollande a trouvé sur son chemin un renfort inattendu et peut-être décisif dans ce qui s’annonce devoir être un bras de fer avec l’Allemagne d’Angela Merkel.

La rébellion électorale des Grecs, c’est bien de cela qu’il s’agit, mettant en minorité absolue les partis de gauche et de droite qui avaient joué le jeu de super-austérité imposé par Bruxelles et le FMI, met en effet l’Allemagne au pied du mur et la contraint à revoir en catastrophe ses positions, voire sa doctrine.

Un front du refus

La révolte du peuple grec s’est manifestée tant par des votes qu’on qualifierait de « à gauche de la gauche » ou de droite extrême. Autant dire qu’il n’a pas de cohérence globale -un peu comme le non français au référendum sur le traité constitutionnel- mais qu’il constitue une sorte de « front du refus ». Que les électeurs grecs soumis à une purge économique et financière se rebellent était prévisible. Ce qui l’était moins, c’est qu’ils aient intériorisé à ce point que cette purge ne les menait nulle part.

Pas plus sots que les Grecs, les Italiens appelés à des élections municipales partielles ont manifesté aussi clairement leur rejet du chemin tracé par Mario Monti, le chef du gouvernement italien, sur injonction du couple infernal Sarkozy-Merkel qui faisait si l’on peut dire la pluie et le beau temps, plutôt la pluie d’ailleurs, sur les finances des pays de la zone euro.

Le pacte de discipline budgétaire inadapté

Et voici donc qu’on entre dans une nouvelle phase de la crise de la zone euro face à laquelle le pacte dit de discipline budgétaire apparaît complètement inadapté. Ce n’est pas que la résorption des déficits ne soit plus à l’ordre du jour. Elle est évidemment une nécessité incontournable. Mais c’est la façon d’y parvenir et le rythme auquel il convient d’y arriver qui sont manifestement remis en cause par les peuples eux-mêmes. Sauf à vouloir « changer les peuples » parce qu’ils ne conviennent pas au schéma pré-construit par Nicolas Sarkozy et Angela Merkel avant-hier ou à entériner la venue au pouvoir de partis populistes à tendance autoritaire dont on voit poindre le bout du nez, il va bien falloir changer de cap.

Le mérite de François Hollande est d’avoir en quelque sorte anticipé cette nouvelle phase de la crise de l’euro. La France est certes endettée mais ses déficits sont tout à fait gérables. De facto, le Président français se présente un peu comme le Hérault des Grecs, des Portugais, des Italiens, voire des Britanniques, bref de tous ceux qui ont compris vers quelle impasse conduit la seule austérité budgétaire et qui se révoltent, aujourd’hui dans les urnes, demain…

Hollande n’est pas, n’est plus, le vilain petit canard noir qui crie dans le désert « croissance ! croissance ! croissance ! ». On le sait, il est rejoint par des chefs de gouvernements conservateurs, par certains des économistes allemands qui conseillent le gouvernement, et même par le Gouverneur de la Banque centrale européenne.

Les « libéraux » ont perdu la main

Certes, chacun ne met pas la même chose derrière le mot croissance. Beaucoup évoquent des « réformes de structure » dont celle des marchés du travail -en gros faciliter les licenciements pour aider les embauches- .

François Hollande n’est pas de ceux-là. Il préconise une action de consolidation des dettes publiques en faisant que la Banque centrale européenne prête directement aux Etats endettés plutôt que de prêter aux banques qui prêtent à leur tour à ces Etats à des taux élevés, en prélevant leur dîme au passage. Il propose aussi une série d’actions -émission d’obligations européennes (euro-bonds), utilisation de fonds européens non utilisés, implication de la Banque européenne d’investissement- pour doper les industries d’avenir dans les différents pays et investir dans les infra-structures.

On est là dans un débat somme toute classique entre keynésiens et libéraux. Ces derniers ont eu la main au cours des dernières années. Ils sont en passe de la perdre. L’impasse politique dans laquelle se trouve plongée la Grèce, plus encore que le vote des Français les contraignent manifestement à lâcher du lest. Angela Merkel ne sera sans doute pas la dernière à se réorienter. Sauf à risquer de faire éclater la zone euro par son intransigeance.

 

Sylvain Gouz

(8/5/2012)

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Sylvain GOUZ a créé et anime MEDIΔGOUZ, la structure qui abrite ses activités de journalisme et de conseil media...

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