MediΔgouz.fr est le site éditorial de Sylvain GOUZ,

journaliste, homme de presse écrite, de radio et de télévision.

           MEDIΔGOUZ

 

 

ARTICLE PUBLIE SUR 

Hollande regrette d'avoir supprimé la

TVA-Sarkozy : il se trompe.

Son tort est ailleurs

On croit rêver. S’agit-il de regrets ou de remords ?

Dans un "si c’était à refaire" plutôt cocasse, François Hollande a confié à l'estimée journaliste du "Monde" Françoise Fressoz, dans un livre au titre évocateur "Le stage est fini", qu’en 2012 il "aurait gardé la TVA décidé par Nicolas Sarkozy[…] et aurait évité les hausses (d’impôt) dans les budgets suivants"

Un regret de droite pour un Président de gauche 

Autrement dit, sur ce plan, le chef de l’État aurait directement chaussé les bottes laissées par son prédécesseur sur les parvis de l’Élysée et, ce faisant, plutôt favorisé la progression des inégalités que leur réduction promise quelques semaines plus tôt, alors qu’il était candidat.

 Car, faut-il répéter ici que la TVA pèse bien davantage sur les bas revenus qu’en haut de l’échelle ? Pour une raison simple : plus les revenus sont élevés plus est importante la part consacrée à l’épargne, les placements financiers, immobiliers…, qui, elle, n’entre pas dans le champ de la TVA. 

A l’inverse, pour les plus pauvres, la quasi-totalité des revenus va à la consommation et entre donc dans la moulinette de la TVA.

Pour le dire autrement, la TVA est anti-redistributive. Elle ne porte que sur les sommes dépensées et n'affecte donc pas celles qui sont épargnées. En proportion, les pauvres paient plus de TVA que les riches. Vouloir réduire les inégalités, ce serait donc diminuer la part de la TVA dans les impôts et non l’augmenter.

 TVA : une augmentation indolore en apparence 

 Cependant, la TVA n’est pas dénuée d’intérêt pour un gouvernant.

 C’est qu’elle s’avère relativement indolore. Aux yeux des consommateurs, l’augmentation de cette taxe est tout simplement perçue comme une hausse des prix de plus et vite oubliée, à l’inverse d’un supplément d’impôt sur le revenu, bien visible d’une année sur l’autre et donc, subjectivement, bien plus douloureux. Le Président de la République et son camp en ont fait les frais dans les sondages et les élections intermédiaires.

 François Hollande, en fin politique qu’il est, a bien perçu tout cela et le met en scène dans la perspective de sa probable candidature à l’élection présidentielle 2017.

 Hollande devrait regretter de ne pas avoir tenu sa promesse 

S’il se mord ainsi les doigts d’avoir abandonné la TVA-Sarkozy et d’avoir poussé le curseur des hausses d’impôts, notamment sur le revenu, son mea culpa est à l’inverse de ce qu’il aurait pu/dû être : ne pas avoir enclenché, dès son arrivée à l’Elysée, la grande réforme fiscale annoncée et promise, à savoir la fusion de l’impôt sur le revenu et de la CSG en rendant de surcroît celle-ci progressive.

 Voilà qui aurait été redistributif, aurait alimenté les caisses publiques et sans doute évité la grogne des classes moyennes. En l’ayant refusé mordicus et en regrettant d’avoir supprimé la TVA-Sarkozy, François Hollande se fait aujourd’hui l’avocat d'une contre-réforme fiscale. 

Pour conclure, il faut se rappeler que la hausse de la TVA, dite à tort "sociale", avait été défendue éloquemment et vigoureusement par un candidat à la primaire socialiste de 2011. Il s’appelle Manuel Valls. Il est aujourd’hui Premier ministre de Hollande. Son score à l’époque: 5,63% de l’électorat de gauche.

 

Sylvain Gouz

(02/9/2015)

 

retour

MEDIΔGOUZ

Sylvain GOUZ a créé et anime MEDIΔGOUZ, la structure qui abrite ses activités de journalisme et de conseil media...

Lire la suite