Le revenu d’existence pour tous, un moyen pour sortir de la crise
Ainsi
donc , il serait question, c’est François Hollande qui le dit, de « marier » la
prime pour l’emploi et le RSA (revenu de solidarité active) pour redonner un peu
de pouvoir d’achat aux plus pauvres. Et cela en remplacement de l’allègement des
cotisations sociales pour les plus bas salaires annulé par le Conseil
Constitutionnel.
On se gardera ici d’entrer dans les contraintes techniques de ce mariage qui de
donnerait de « fruits » qu’à horizon de nombreux mois.
Quelques lignes simplement pour souligner la petitesse absurde, voire la
médiocrité ridicule, de cette mesure - autant que celle à laquelle elle devrait
se substituer- dans un pays qui se veut, dixit le Président Hollande, « la
cinquième puissance économique du monde ».
Faut-il le rappeler, à trois années de récession près (1975, 1993 et 2009),
depuis les années 1950, l’économie française a connu quelque soixante ans de «
croissance » selon l’expression consacrée. Avec d’évidence des hauts et des bas
et en éliminant les effets de l’inflation bien sûr. Conclusion, la France est un
pays riche, même si, percluse d’inégalités, elle ne distribue pas équitablement
sa richesse (voir la distribution « record » des dividendes servis aux
actionnaires en ces temps de crise).
Ceci pour en venir, en revenir à cette formidable idée du « Revenu minimum
d’existence », idée qui devrait hanter l’esprit de tous les dirigeants des pays
dits développés, il s’agit tout simplement d’assurer à chacun de quoi vivre. Et
par là même de sortir de la crise. Au-delà des primes, des prestations, des
allocations diverses…
Un grand professeur d’économie, qui vient de nous quitter, Yoland Bresson,
auquel me liait une amitié aussi profonde qu’intellectuelle, l’a formulé de très
heureuse façon : un revenu qui serait attribué « inconditionnellement de la
naissance à la mort, égal pour tous et cumulable sans restrictions avec
n’importe quel revenu d’activité ».
Pas une fumeuse utopie
Le professeur Bresson a montré dans différents ouvrages -notamment « Le Revenu
d’existence ou la métamorphose de l’être social » (éditions L’Esprit Frappeur)-
que loind’être une fumeuse utopie, cette idée serait parfaitement applicable et
viable dans notre économie, malgré la crise, malgré les choix pour le moins
hasardeux de ceux qui nous gouvernent. Le professeur Bresson présidait une
association (A.I.R.E.) précisément dédiée à son projet et qui en développe les
multiples aspects. On constatera, sur son site, le sérieux et la rigueur de
cette approche vers une société plus fraternelle.
Au-delà même de la France, cette idée fait son chemin sur le plan européen. Une
pétition a circulé en 2013 dans l’Union européenne pour l’instauration au niveau
européen d’un revenu d’existence ou « revenu de base ». Il fallait 1 million de
signatures pour mettre en route le processus d’examen du projet par les
instances européennes. En neuf mois, la pétition en a recueilli près de 300 000.
Un bon début… mais compte tenu des règles européennes tout est à recommencer…
N’empêche, le train est en marche. Le Revenu d’existence finira par s’imposer
dans nos pays, tant pour des raisons philosophiques que « bassement »
économiques. Merci encore à Yoland Bresson d’en avoir été l’un des plus
pertinents pionniers.
Sylvain Gouz
(22/08/2014)