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journaliste, homme de presse écrite, de radio et de télévision.

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REVENU UNIVERSEL, TROIS VERTUS, DEUX OBJECTIONS

Le revenu minimum universel, salué ou détesté, brandi comme un étendard ou voué aux gémonies, présente à mes yeux trois vertus :

• Assurer à tous les membres d’une société un moyen de ne pas se retrouver un jour dans l’extrême pauvreté. Procurer dans le même temps aux plus jeunes la pierre angulaire de la construction d’une vie sans l’angoisse du premier emploi, sans la recherche éperdue du contrat à durée indéterminé ou, si l’on préfère, d’un désormais illusoire emploi à vie.

• Déconnecter le « de quoi vivre » de la nécessité de travailler. Nos sociétés -et pas seulement elles- vivent toujours sur le biblique « tu mangeras ton pain à la sueur de ton front » (Genèse chapitre 3, verset 19). L’éloge du TRAVAIL, célébré à droite comme à gauche, participe de cette parole de Moïse. Cet éloge sera de plus en plus obsolète au fur et à mesure que la quantité de travail humain disponible diminuera. D’où le nécessaire, indispensable réduction de la durée du travail. Le découplage entre un minimum pour vivre et le travail rémunéré/rémunérateur induira, de ce point de vue, une désintoxication salutaire et prometteuse pour d’autres activités humaines (culture, création, épanouissement personnel, relation à l’autre…).

• Contraindre à la mise en œuvre d’une redistribution, d’une réduction radicale des inégalités, sans commune mesure avec ce qu’elles sont aujourd’hui. Car, il est vrai que cette institution du revenu universel coûtera cher, très cher (je me garderai d’entrer ici dans les querelles de chiffrage). Et que son financement impliquera une transformation radicale de la distribution des richesses et des revenus. Que ce soit par une limitation stricte de l’écart des rémunérations dans l’entreprise ou par une fiscalité directe (impôt sur le revenu et CSG fusionné) évidemment progressive et sans doute accentuée en haut de l’échelle.

Alors, bien sûr se présentent des objections qu’il faut considérer pour les contourner :

• Le revenu universel détruirait le système de protection sociale. Cela serait vrai si, comme le suggèrent certains, à droite, ce revenu universel se substituait à l’ensemble des allocations existantes (des allocations familiales au RSA en passant par celles pour les handicapés ou le logement). Mais si l’on écarte ce scénario effectivement catastrophique, le revenu universel s’ajoute à la protection sociale actuelle. On peut même dire la complète dans l’esprit même des projets du Conseil National de la Résistance au siècle dernier.

• Le revenu universel serait foncièrement inégalitaire, en ce sens que le patron du CAC 40 (ou Mme Bettencourt appelée à la rescousse) recevrait autant que de le SDF pelant de froid ou le chômeur en fin de droit. Qu’on se rassure, les sommes reçues au titre du revenu universel entreront dans l’assiette de l’impôt, et donc, via cet impôt progressif régénéré, les plus ou moins fortunés rembourseront et bien eu delà ce qu’ils auront reçu.

Trois vertus à célébrer et deux objections à contourner, est-ce à dire que le revenu universel est pour demain ? Certes non. Il faut que les esprits mûrissent, que l’on prenne pleinement conscience de la révolution de civilisation à l’œuvre, que le travail, comme la croissance à tout-va, sont doucement, mais sûrement, en train de s’évanouir. Mais la graine est désormais plantée et nul doute qu’elle s’épanouira.
« Cours, camarade, le vieux monde est derrière toi » proclamait l’affiche de mai 68.
Déjà.

(13 janvier 2017)

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Sylvain GOUZ a créé et anime MEDIΔGOUZ, la structure qui abrite ses activités de journalisme et de conseil media...

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