Sondages et fake news, il suffit de changer un mot…

Chacun peut avoir son avis sur le mouvement de protestation contre la réforme des retraites. Mais on a compris depuis un moment que l’enjeu, pour le front syndical anti-réforme comme pour le gouvernement, se situe dans l’opinion, autrement dit dans les sondages.

Et là on se trouve face à une difficulté, car il y a d’une part les instituts de sondage et les résultats de leurs enquêtes et de l’autre l’interprétation qu’en donnent des media. Un exemple flagrant, le sondage BVA de ce 23 janvier.

L’institut BVA, auteur de l’enquête, écrit sur sa page internet : « les Français ont largement le sentiment que le mouvement social contre la réforme des retraites va perdurer : 70% pensent qu’il va se poursuivre, contre 29% qui estiment qu’il va s’arrêter. ».

Citant ce sondage, sur sa page d’actualité, ORANGE,  lui-même étant l’un des  commanditaires, écrit : « Sept Français sur dix (70%) estiment toujours que le mouvement de protestation doit se poursuivre, contre 29% qu'il doit s'arrêter. » 

De même, commentant ce même sondage, BFM TV affirme que « sept Français sur dix (70%) estiment toujours que le mouvement de protestation doit se poursuivre, contre 29% qu'il doit s'arrêter.»

Alors que, de son côté, RTL, autre commanditaire du sondage BVA, précise que « Une large majorité des Français voit la mobilisation contre la réforme des retraites se poursuivre. Selon le dernier baromètre BVA Opinion,  70% des Français pensent que le mouvement va perdurer, contre 29% qui estiment qu'il va s'arrêter. »

Cherchez l’erreur !

Arrêtons-nous là. Chacun pourra consulter le media de son choix et se faire une idée de sa « capacité interprétative » puisque manifestement, dans certains cas -Orange et BFM cités ici- « penser » que le mouvement anti-retraite « va se poursuivre » (formule initiale de BVA)  ou « va perdurer » (formule de RTL) se transforment en « estimer » que ce mouvement « doit se poursuivre » selon Orange et BFM. D’une formulation à l’autre, on conviendra qu’il y a plus qu’une nuance.

Alors question : s’agit-il dans ce jeu avec les mots d’une forme de militantisme journalistique ou d’une forme de médiocrité (le mot est faible) journalistique ?

 Je laisse le lecteur/auditeur/téléspectateur juge… tout en l’incitant à se reporter directement aux résultats des enquêtes des instituts de sondage en se référant à leurs propres sites et donc à la source même des sondages, quels qu’ils soient, plutôt qu’à leurs interprètes plus ou moins manipulateurs…

Où les fake news ne vont-elles pas se nicher ?