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journaliste, homme de presse écrite, de radio et de télévision.

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Présidentielles : stop aux mesurettes

et aux chiffrages


On n’en peut plus ! Une mesure par-ci, une mesure par-là. Une taxe pour les uns, un allègement d’impôts pour les autres. Une facilité pour les jeunes, un geste pour les retraités. Une aide pour les familles, une autre pour les PME. Un financement intégralement assuré pour l’un, une descente aux abysses financières pour l’autre… on n’en finirait pas de jongler ainsi avec les propositions des candidats aux présidentielles et surtout avec les chiffrages, maudits chiffrages, qui vont avec.

Ce tournis sur fonds de crise financière mondiale, encore illustrée ces jours-ci par la peine éprouvée par l’Espagne à se refinancer, est carrément surréaliste.

Des prévisions à l’aveuglette

Bon. Il y a un déficit public à combler, une dette publique à rembourser. Certains veulent jouer à saute-mouton avec cette contrainte, c’est le cas de Jean-Luc Mélenchon et d’une toute autre façon de Marine Le Pen. François Bayrou, lui, joue le catastrophisme et le prophète de malheur en promettant des lendemains qui déchantent. Et les deux principaux candidats -comme il sied médiatiquement de les appeler-, Nicolas Sarkozy et François Hollande, ne peuvent manifestement pas s’empêcher de les habits de futurs premiers ministres ou plutôt de chefs de service à la direction du Budget de Bercy. Et de manier les prévisions de croissance -sur lesquelles tout repose en définitive- à l’aveuglette.

A l’heure où les économistes, du moins certains d’entre eux, sont mis en cause côté déontologie, voire conflits d’intérêt, ce versant très « économiste » pour le coup, de la campagne présidentielle -ouf ! on est vite sorti des bise billes sécuritaires post Toulouse et Montauban- n’en finit pas de surprendre et de décevoir.

Combien ça coûte, combien ça rapporte ?

Non pas qu’un candidat ne doive pas d’engager sur quelques grandes directions, on serait les premiers à s’en plaindre. Mais de là à fixer par avance le coût de l’examen du permis de conduire pour les jeunes -on en est arrivé là ! - on n’est plus dans des stratégies présidentielles mais dans des chicaneries de boutiquiers.

Combien ça coûte ? Telle est devenue la question, pratiquement la seule (avec son corollaire « combien ça rapporte ») qui s’impose face aux candidats « principaux ».

Comment s’étonner dès lors que Jean-Luc Mélenchon, au-delà même de son souffle et de son art oratoire, galvanise les foules en leur faisant vraiment chanter les lendemains ? Comment être surpris que François Hollande ne provoque qu’un enthousiasme modéré lorsque son morceau de bravoure des derniers jours consiste à promouvoir un « programme de gouvernement » pour les premières semaines de sa présidence potentielle. Mais où est donc passé le rêve français qu’il promettait de réveiller ?

Plutôt « l’être » que « l’avoir »

Rêver, oui pourquoi non. Certes pas à des distributions d’argent sonnant et trébuchant. Le « on rase gratis » n’est pas de saison. Mais il n’y a pas que l’argent dans la vie -encore que la réforme fiscale promise et le plus de justice qui l’accompagne soient appréciables-. Il y a la vie elle-même avec ce qu’elle englobe de fraternités possibles, de solidarités mises en commun, de culture enrichissante pour tous.

Une élection présidentielle, surtout celle-ci, ne se jouera pas, espérons-le, sur des mesures catégorielles, encore moins sur des chiffrages problématiques et forcément virtuels effectués par des officines parfois suspectes et en tous cas fondés sur des hypothèses hypothétiques.

Une élection présidentielle, celles du passé en témoignent, se noue autour de l’incarnation par un homme -pas de femme dans le tandem de tête ce coup-ci- d’une stratégie et de priorités (la justice, le bien commun, la règle de droit). Hollande avait semblé s’engager sur ces chemins qui conduisent à choisir plutôt « l’être » que « l’avoir ». A-t-il simplement suivi une pente indiquée par les technocrates (de talent bien sûr) qui l’entourent ou s’est-il fait piéger par Sarkozy et son « une mesure par jour » ?

Il est décidément temps pour le candidat socialiste de revenir à ses fondamentaux et de casser cette course à l’échalote et aux chiffrages abscons.
 

Sylvain Gouz

(8/04/2012)

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Sylvain GOUZ a créé et anime MEDIΔGOUZ, la structure qui abrite ses activités de journalisme et de conseil media...

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