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journaliste, homme de presse écrite, de radio et de télévision.

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Ultra-riches : le chantage au départ

Au secours, les riches s'en vont ! Sur les bords du lac Léman comme sur les pentes de Gstaad, au Liechtenstein comme au Luxembourg, les banquiers et les agents immobiliers se frottent les mains par avance : la victoire (éventuelle) de François Hollande va leur amener une clientèle supplémentaire, celle des NEF, entendez par là les nouveaux exilés fiscaux.

Quant à la France, il ne lui restera plus que ses yeux pour pleurer : finies les files d'attente devant chez Fauchon, terminées les réservations « urgentes » pour obtenir une table chez Lucas-Carton ou chez Hélène Darroze. Les tables du petit déjeuner au Georges V seront vides et que dire de celles du Fouquet's ? La toile de Jouy des chambres de l'hôtel Normandy de Deauville devra accueillir une clientèle plus « populaire » désormais. La place Vendôme sera désertée.

Quant aux nourrices, aux femmes de chambres, aux valets particuliers, aux fleuristes de luxe, aux grands couturiers (Dior, Hermès, Givenchy et Cie) ce sera pôle emploi pour les uns, la clé sous la porte pour les autres.

Bernard Arnault aura de la peine. Bref c'est l'économie française qui se détricotera… par le haut.

Les N.E.F., une fantasmagorie sarkozienne

Les nouveaux exilés fiscaux, voilà la grande fantasmagorie, qui sert d'argumentaire à la bienpensance sarkozienne en ces temps cruels qui voient son champion scotché à bas niveau dans les sondages.

Les riches s'en vont ! A force de les clouer au pilori, de les taxer, de les retaxer, puis de les surtaxer, les voilà qui se renseigneraient d'urgence auprès de leurs avocats -cher Maître expliquez-moi comme payer ses impôts en Suisse ? -. Et voici donc les troupes des futurs NEF qui se prépareraient à entonner le chant du départ et à priver notre pays de leurs précieuses dépenses somptuaires.

Bon. Au-delà de cette description, (à peine caricaturale je vous l'assure pour l'avoir entendue maintes fois ces derniers temps), il faut remettre un peu de raison dans tout cela.

De quoi nos hyper-riches auraient-ils si peur ? Le taux de la tranche supérieure du barème de l'impôt sur le revenu -leur tranche- passerait de 40 à 45% dans l'hexagone, à comparer au même 45% chez notre « modèle » allemand, au 50% -quelle horreur- en Belgique comme en Grande-Bretagne, et tout de même au 40% de taxation des revenus en Suisse. Et je vous épargne tout commentaire sur le 59% du Danemark ou de la Suède.

Alors pourquoi feraient-ils leurs valises pourquoi devenir N.E.F. ?

Le gentil Président sortant

C'est que le futur -peut-être- Président de gauche -honte à lui ! - entendrait s'en prendre en plus à leurs niches fiscales -qui permettent par exemple de déduire une partie des frais d'emplois à domicile- et puis rétablir l'impôt sur la fortune à ce qu'il était jusqu'en 2011 et puis, quelle drôle d'idée, taxer les revenus du capital (actions obligations, assurance-vie) comme ceux du travail (salaires, prestations...).

 Ce n'est pas comme le gentil Président sortant qui, dans sa grande mansuétude, a sagement commencé par taxer les pauvres -relèvement de la TVA de 5 à 7% puis maintenant de 19,6 à 21,6%, taxe sur les mutuelles, gel des barêmes des prestations sociales et de l'impôt sur le revenu, etc-.

Puis, dans un « deal » bienvenu, il a du échanger le bouclier fiscal -quelle merveille- contre un allègement de l'ISF et au passage un mini-impôt exceptionnel et surtout provisoire sur les hauts revenus.

Allons, tout cela n'est pas très sérieux. Comme le démontre allègrement Thierry Pech dans « Le temps des riches » , voici un certain temps que la classe des hyper-riches a fait sécession de la société française. Les y réintégrer un peu, ne serait-ce qu'un petit peu, par une plus ample participation aux dépenses communes, serait plutôt une bonne chose -y compris pour leur propre intérêt citoyen bien compris-.

Toujours acheter français par Internet

Et puis concluons sur un constat qui crève les yeux lorsqu'on s'y attarde : depuis les lendemains de la guerre, disons 1950, la France a connu une croissance quasi-continue –à peine trois ans de petite récession). Autant dire que, dans sa globalité, ce pays n'a jamais été aussi riche… et pourtant il n'y a jamais eu autant de pauvreté en France.

Alors partiront, partiront pas nos hyper-riches qu'on aime tant ? Cessons de nous faire peur. La perspective d'un tour de vis fiscal en haut de l'échelle ne vaut pas celle des chars soviétiques sur les Champs-Elysées dont nous menaçaient les apôtres giscardiens en février 1981 à quelques encablures des présidentielles de mai.

Et si jamais quelques-uns s'installent vraiment à Davos, rassurons-nous, les N.E.F. pourront commander leurs sacs Vuitton en France par internet…

 

Sylvain Gouz

(6/2/2012)

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Sylvain GOUZ a créé et anime MEDIΔGOUZ, la structure qui abrite ses activités de journalisme et de conseil media...

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