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journaliste, homme de presse écrite, de radio et de télévision.

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Budget et Europe : Hollande ultime victime de Merkozy


Encore un instant, Monsieur le bourreau ! Les contorsions verbales auxquelles se livrent depuis quelque temps François Hollande, Manuel Valls et désormais Emmanuel Macron ont essentiellement pour but d’éviter le désaveu de la Commission européenne face au projet de budget français. Un camouflet symbolique pour le moins en attendant une sanction financière que seul le Conseil européen pourrait infliger.

Le prix du pacte avec le Diable

C’est pour contourner cela que le Premier ministre et le ministre de l’Economie entonnent le grand air de la Réforme. Mais c’est pour passer entre les gouttes des frondeurs et autres que le président de la République préfère chanter une berceuse sur le tempo « prenons notre temps ».

C’est que l’actuel président de la République paie, en différé, l’addition du « pacte avec le Diable » conclu par son prédécesseur. Souvenons-nous en, c’était voici tout juste trois ans, à la mi-octobre 2011.

Nous sommes en pleine crise de la zone euro. Un sommet présenté une fois de plus comme celui de la « dernière chance » est convoqué à Bruxelles. Et c’est là, en voulant se montrer le « sauveur ultime de l’Europe » et afficher son entente totale avec Angela Merkel, que Nicolas Sarkozy cède sur une exigence allemande, à savoir la possibilité pour la Commission européenne de surveiller les budgets des pays membres de la zone euro et de punir si besoin ceux qui dérogent et, en définitive, de contraindre ceux-ci à se remettre dans les clous, autrement dit à modifier leurs budgets.

Une atteinte grave à la démocratie

On l’a dit et répété ici, ce dispositif – un bébé Merkozy, donc –, d’abord nommé « mécanisme européen de stabilité », puis « pacte de stabilité », puis sur l’insistance de François Hollande, « pacte de stabilité et de croissance » sans que rien ne change ou presque, constitue une atteinte grave à la démocratie.

Ce ne sont plus les représentants de chaque peuple, à commencer par le nôtre, qui votent l’impôt et les dépenses de l’Etat, mais au bout du compte celui-ci comme celles-là sont décidés une instance extérieure, la Commission européenne, non élue même si ses membres doivent être « acceptés » – souvent du bout des lèvres – par le Parlement européen.

Et si un pays membre se hasarde à renâcler face à ces injonctions, alors gare ! Ladite Commission en réfèrera au Conseil européen, qui pourra infliger une amende pouvant aller jusqu’à 1% du PNB.

Inutile de revenir sur l’équation impossible du budget français mis en cause à Bruxelles, qui veut à la fois distribuer des milliards aux entreprises, soulager les contribuables les plus à la peine et couper dans les dépenses publiques. Nombre d’économistes dénoncent les contradictions internes d’une telle stratégie et surtout son incapacité – illustrée hélas de mois en mois – à obtenir le moindre rebond de croissance.

Réformer quoi et comment ?

Mais pas question de changer de pied pour l’exécutif qui n’a plus qu’un seul recours : la Réforme. Un mot magique, une sorte de talisman contre les maléfices de la Commission européenne. Peu importe d’ailleurs ce qu’on met à l’intérieur du mot. Réformer l’indemnisation des chômeurs ? Comment, dans quel but ? pour faciliter le retour à l’emploi – il y a d’autres voies dont la réduction de la durée du travail ? Pour faire des économies ou se mettre davantage encore dans les bonnes grâces des entreprises dont on espère – en vain jusqu’ici – qu’elles vont investir et embaucher ?

Que des réformes soient nécessaires, notamment pour mieux redistribuer les revenus par la fiscalité, maintenir une protection sociale qui ne soit pas déficitaire et pour cela devienne progressive et ainsi plus égalitaire, assurer à chacun un revenu d’existence sans lien avec son activité, ce n’est certes pas ici qu’on le contestera.

Mais ce sont de vrais chantiers qui s’imposent et dont aucune première pierre n’a été vraiment posée. De vrais chantiers, pas seulement des risettes adressées à Bruxelles.

 

Sylvain Gouz

(13/10/2014)

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Sylvain GOUZ a créé et anime MEDIΔGOUZ, la structure qui abrite ses activités de journalisme et de conseil media...

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