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journaliste, homme de presse écrite, de radio et de télévision.

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De l’ISF au COVID, les inégalités vont bon train

Riche et en bonne santé plutôt que… Coup sur coup deux rapports officiels viennent de redonner un coup de jeune à ce proverbe décidément inusable.

D’un côté, le comité d’évaluation des réformes de la fiscalité (indépendant mais rattaché à Matignon) nous apprend ou plutôt nous confirme que les réformes de début de quinquennat dont s’enorgueillit Emmanuel Macron, ont profité aux plus riches. La suppression de l’impôt sur la fortune (transformé en impôt sur la fortune immobilière) et l’introduction d’un prélèvement forfaitaire unique sur les revenus financiers (imposés jusque-là comme les autres revenus) ont eu pour effet d’un côté de faire prospérer les fortunes « financières » et de l’autre de faire exploser la distribution de dividendes (en augmentation de 60% en 2018, année de référence de cette étude).

Pas de quoi être surpris de voir ainsi privilégiés ceux que, imprudemment peut-être, Macron avait baptisé les « premiers de cordée » qui devaient entraîner l’ensemble des Français dans leur progression… Certes la même étude procède d’un art consommé de la nuance, soulignant par exemple que la supression de l’ISF a engendré des retours de contribuables qui s’étaient expatriés ou que la taxation du capital en France s’est mise au niveau de la moyenne des pays comparables.

Il n’empêche, deux effets pervers de ces réformes apparaissent au grand jour :

COVID des riches, COVID des pauvres

Tout ceci se passait bien sûr avant le COVID. Mais voici qu’un autre rapport émanant celui-ci du Conseil d’Analyse Economique (cénacle d’experts placé auprès du Premier ministre pour le conseiller) concerne la période COVID. Il met en évidence notamment que si la période de confinement (entre février et août de cette année) a eu pour effet de gonfler globalement l’épargne des Français, ce gonflement ne s’est pas produit de manière homogène. Ainsi est-il souligné que « près de 70 % du surcroît de l’épargne ont été faits par 20 % des ménages » alors qu’à l’autre bout du spectre, les 20% des ménages les plus pauvres se sont plutôt endettés davantage. Ce rapport illustre également les disparités de dépenses de consommation entre les plus riches et les plus pauvres durant la période.

On retiendra de cette étude fort intéressante cette formule toute en litote « qu’un soutien beaucoup plus franc aux ménages les plus modestes, plus exposés aux conséquences économiques des mesures sanitaires, va très rapidement s’avérer nécessaire. »

Et voici qui renvoie à cette idée de « monnaie hélicoptère » qui consisterait à déverser de l’argent directement sur les consommateurs. Ce qui serait probablement plus efficace pour relancer l’activité que de supprimer les impôts de production versés par les entreprises (coût 20 milliards en deux ans pour les finances publiques). N’en déplaise à Bruno Le Maire, mieux vaudrait doper la demande que favoriser l’offre.

Pour aller au-delà, ne serait-il pas temps -depuis qu’on en parle de colloques en réunions, de commissions en comités- d’instituer vraiment, enfin, le revenu minimum d’existence, au profit d’abord des plus pauvres dont le nombre ne cesse de croître : la crise sanitaire a fait basculer dans la pauvreté (moins de 1 063 euros par mois et par personne) un million de Français supplémentaires qui viennent rejoindre les neuf millions dénombrés par l’INSEE en 2018.

Sans doute le/la COVID ne fait-il pas directement le tri en fonction des revenus parmi ceux qu’il/elle atteint. Il n’empêche que les disparités des conditions de vie pèsent bien évidemment sur la vulnérabilité au virus des uns ou des autres.

…plutôt que pauvre et malade.

Sylvain GOUZ

(13/10/2020)

 

 

 

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Sylvain GOUZ a créé et anime MEDIΔGOUZ, la structure qui abrite ses activités de journalisme et de conseil media...

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